• souvenirs - 3ème partie

     

    SOUVENIRS - 3ème partie

     

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    J'ai 24 ans, et ma vie ne s'est pas arrêtée...

    Bien sûr je vais encore glander quelque temps. Besoin de souffler. Je retourne sur la Côte d'Azur pour quelques jours (avec Nono et Riri, mes deux potes de la traversée Alger-Marseille sans retour possible). Puis retour définitif sur Paris.

    Je vais vivre, sans travailler, pendant quelques temps, dans un cagibi de deux mètres carrés, nourri par mon père. Il me fallait fermer la porte pour déplier mon lit de 80 cm de large. La belle vie d’un exilé, enfin j’avais un toit sur la tête. Quand je pense ce que certains d’entre vous ont vécus, je m’estime un privilégié. Au passage, je pense à ce Maire de Marseille, cet individu qui a osé dire qu’il fallait qu’on aille se réadapter ailleurs et aussi d’autres choses plus désagréables… vous vous souvenez de lui je pense.

    Comme vous vous en êtes bien sûr rendu compte, j'ai occulté totalement les événements tragiques que nous avons vécus, ce n'est pas pour cela que je les ai oubliés, mais j'en parle suffisamment tout au long de mon blog et sur ma saga « Que sont mes platanes devenus… ».

    Voilà, c'est fait, j'ai sauvé ma peau. Malheureusement, beaucoup, sont morts pour la sauvegarde de notre beau pays. D'autres, ont fait le choix de rester, là-bas, beaucoup y ont laissés leurs vies. Torturés, émasculés, assassinés, d'autres ont été fait prisonniers, et nous ne les avons jamais revus : Pieds Noirs, Harkis, Militaires.
    Les Militaires Français, présents, sont restés l'arme aux pieds, pendant que les nôtres, nos compatriotes se faisaient massacrés, surtout à Oran, le 5 juillet 1962, merci la France. Sans oublier les Harkis, qui ont connus un enfer indescriptible, même que la France a osée en renvoyer en Algérie, alors qu’ils avaient réussi à regagner la terre de France. C’est beau, c’est grand, c’est généreux la France. Merci encore à de Gaulle et à ses sbires.

    Pour nous, la vie continue. Nous voilà, débarqués, exilés, plus ou moins bien reçus, dans ce pays froid, notre mère patrie. On me nomme rapatrié, je réponds que cela est impossible, car je suis né, « Là-Bas », en Algérie Française, et que ma Patrie, c'est Là-Bas. Par conséquence, je suis plutôt, un exilé, déplacé de mon pays natal, vers un autre pays.
    Mais, il nous faut réagir, et vite, trouver un logement et un travail. Pour le logement, cela c'est fait très vite. Kiki Sultan et Marco Bertini, sont partant pour partager un trois pièces dans le 15° arrondissement de Paris, au 136 de l’Avenue Emile Zola, jusqu’à mon mariage en 1965 (deux enfants).

    Pour le boulot, là aussi, pas de problèmes. Je passerais quelques mois chez Jack Romoli, 187 boulevard Saint-Germain, puis le Printemps Nation, puis Haussmann, puis Melun et enfin Vélizy 2.




     

    En 1987, je m'installe à mon compte comme Antiquaire-Brocanteur...

     

    et j'écume grands et petits salons à travers toute la France.

    La République du Centre - lundi 4 mars 1991  (ici sur la photo du journal, on peut me découvrir sur mon stand en pleine transaction!)


    Là, je suis assis de dos. Puces de Chartres le 23 septembre 1991.

     

    Dans une vie aussi mouvementée, j'ai connu, comme tout un chacun, de bons et de mauvais moments. J'ai fait toute sorte de rencontres, bonnes et mauvaises. J'ai décidé d'oublier les mauvais moments et de vous faire profiter des meilleurs. Comme vous l'avez vu plus haut, j'ai déjà rencontré pas mal de gens connus, mais ici en Métropole, je vais encore faire des rencontres plus ou moins intéressantes. N'ayant pas tenu de carnet de bord au cours de ma vie, je vais essayer de retrouver l'ordre des rencontres.

    Pour commencer, et là j'en suis sûr, ma première rencontre importante, pour un couple que je ne portais pas spécialement dans mon cœur, mais ce fut mes clients, et je les ai servis du mieux possible, il s'agissait de Louis Aragon (1897-1982, poète, romancier, journaliste) et d'Elsa Triolet (1896-1970, femme de lettres). Cela se passait en 1963, chez Jack Romoli, boulevard Saint-Germain. D’autres personnalités importantes étaient aussi clientes de ce magasin.

    Avril 1964, je suis embauché au Printemps Nation, et là je retrouve déambulant dans mon rayon, Robert Castel et Lucette Sahuquet. Il me présenta sa femme. Robert, si tu me lis, on ne sait jamais, fait moi un petit coucou, cela feras plaisir à toute notre communauté.

    J'ai eu, comme collègue de travail, la maman du chanteur Christophe, j'ai ainsi eu la primeur de son premier 45 tours, « Aline », un grand succès de l'année 1965.

    Muté au Printemps Haussmann, dans un bureau de coordination, je travaille en permanence, en plus du patron et de son adjoint, et d’une cohorte de secrétaires, les unes plus mignonnes que les autres, avec à ma gauche un dessinateur et sa table de travail, à ma droite une chef étalagiste. Un beau jour, je retrouve sur mon bureau, le croquis que vous voyez ci-dessous. C’est J.P.Moraès, mon voisin dessinateur qui m’a croqué, alors que j’étais en train de me battre avec des facturations d’une grande complexité. Le croquis est daté 1968.

     
    Là, c'est encore moi, plutôt mince, en plein boulot, éternelle cigarette au bec (1968)

     

    Je retrouve Nono Spinoza de Bab-El-Oued, travaillant dans la même société. C'est à cette époque-là que je fais la connaissance de Jean Donguès, animateur télé. Je le retrouverais quelques années plus tard, lors de ma plus belle rencontre (voir ci-dessous).

    Entre temps, j'ai eu droit à une grosse bise de Simone Garnier, la co-animatrice d'émissions télés avec Guy Lux. Alors qu'elle se trouvait à Bourges (aux Etablissements Aubrun, filiale du Printemps), pour une animation et une séance de signatures, elle s'est vite aperçu qu'elle avait oublié ses photos à Paris. J'ai dû alors sauter dans un train Gare Saint-Lazare, pour lui amener son précieux paquet. J'ai été reçu, par un grand sourire de satisfaction, et elle m'a claquée une grosse bise.

    Janvier 1970, me voilà nommé Chef de rayons à Melun, et c'est là, que je fais ma plus belle rencontre, dont vous allez découvrir la photo ci-dessous. Inouï, mon patron m'appelle dans son bureau, pour me préciser que l'animation prévue se passera dans un de mes rayons, le camping. Le jour tant attendu arrive, et je suis délégué pour accueillir, le grand Jacques Anquetil. Ce fut une rencontre magique, cet homme, ce champion était d'une gentillesse extrême, et m'a mis à l'aise de suite, car j'étais vraiment très ému. Un beau souvenir.

     

     
    Jean Donguès au micro anime la séance publicitaire, j'ai en mains les photos

    du grand Jacques qui déguste une citronnade

    1972, je refais mes valises, direction Velizy dans les Yvelines, en temps que Chef de Département (groupe de rayons). Grand Centre Commercial, où j’ai aussi rencontré beaucoup de gens connus, venus pour des animations où comme simples clients. Je citerais au passage, Serge Gainsbourg, toujours sans chaussettes, Carlos, une grosse boule de gentillesse, ami d’enfance de mon directeur, etc… J’ai eu le privilège de servir Isabelle Aubret, après son terrible accident de voiture.

    Un de mes vendeurs à temps partiel, arrivait tous les soirs, une guitare à la main. Il me disait faire un peu de musique. Je l’ai retrouvé un soir sur nos antennes télés, en interview avec la grande Zazie. Ils venaient d’écrire ensemble une comédie musicale « Sol en Cirque ». Il s’agit de Jean Marie Leau, qui fait toujours une belle carrière. (Taper son nom sur le net, vous serez surpris de la carrière de cet homme, inconnu du grand public)

    1985, je suis nommé Chef des Services Généraux, je démissionne en Février 1987. Je décide de faire enfin ce qu’il me plait, je me mets à mon compte en tant que « Antiquaire Brocanteur », jusqu’en 1998. Et là, je fais un tas de rencontres, la liste en serait trop longue, mais je vais tout de même en citer quelques-uns :

    Sur beaucoup de salons parisiens, Yves le Coq, en tant que Antiquaire, et chineur de meubles pour ses châteaux.
    Jacques Chazot, grand collectionneur de tableaux et bronzes.
    Dave un fin connaisseur en vieilles choses.
    Jeanne Manson et Allain Bougrain-Dubourg, que j’ai eu comme clients.
    Michel Jonasz que j’ai failli avoir comme client, je vous en parlerais dans ma saga à venir (Que sont mes platanes devenus…).
    Le chineur invétéré Didier Barbelivien (avec Anaïs entre autres) rencontré dans de nombreuses Brocantes des Yvelines.
    Ainsi que deux grands footballeurs du P.S.G., David Ginola et sa petite famille, lui qui est déjà grand (et beau garçon), portait sa fille sur ses épaules. Vincent Guerin, l’homme aux trois poumons (les amateurs de foot auront compris).

    Sur les grandes brocantes dans les rues de Paris, j’ai eu l’occasion d’avoir comme cliente Claudine Coster, comédienne, femme de Robert Manuel.
    Je voyais régulièrement dans les petits salons de la région parisienne, Catherine Deneuve et son fils Christian Vadim.
    Liane Foly et sa cousine du Québec, avec qui j’ai pu discuter un grand moment sur une brocante près de Versailles. Vous retrouverez mon entretien avec elles dans ma saga.
    Michelle Bernier, Muriel Robin, Mimie Mathy, Annie Lemoine, une sacrée équipe, que j’ai eue sur mon stand en même temps, je ne vous dis pas l’ambiance. J’ai failli vendre une commode et une table bureau à Mimie, mais les cotes ne lui convenaient pas.
    Guesh Pati rencontrée dans un grand salon d’antiquités, comme toujours à la recherche de fripes.
    Une de mes plus agréables rencontres reste celle que j’ai eue au « Salon des Antiquaires » de la Porte de Champerret à Paris avec France Gall, une de mes préférées. Aprés une assez longue conversation, je lui ai filé ma carte professionnelle, mais elle ne m’a jamais rappelé...

     
    Billet de concert dédicacé par France Gall sur mon stand
    au Salon des Antiquaires de la Porte de Champerret à Paris en 1987/88
    Sa dédicace : "Pour Alain tout pour la musique et la Brocante", ses deux passions

    Dans ce même Salon, j’ai eu la possibilité d’avoir une conversation assez musclée avec Aït-Ahmed le responsable Algérien bien connu. Il m’avait été présenté par une collègue Pieds-Noirs, qui le connaissait de Constantine.

    En plus de ces têtes connues, nous avions le droit à la visite des Maires d’Arrondissements, à savoir Paul Quilès ( ?), Jacques Toubon (14 °), Edouard Balladur (15°), qui venaient nous serrer la louche.
    En Province, même principe avec Edith Cresson, Pierre Beregovoy (qui, je ne sais pourquoi, s'est littéralement jeté sur Marie pour lui serrer chaleureusement la main, un coup de foudre sans doute !), et un tas de Maires de moindres importances. (Voir ma rubrique « Brocante » à venir)

    Il y eut aussi à Versailles, la visite très intéressée de Francis Perrin.
    J’arrête là, j’en oublie certainement, cela me reviendras peut-être un jour.

    Dans d’autres circonstances j’ai eu le privilège de rencontrer Chérif Hamia et Héda Frost, Elisa Servier pour une longue soirée chez moi à Meudon-la-Forêt, Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Herbert Léonard… (je vous en parlerais dans ma saga ... patience)

    Bien entendu, comme tout un chacun, j’ai assisté à des spectacles. En janvier ou février 1964, j’ai eu la chance de voir à l’Olympia, un grand chanteur de l’époque Trini Lopez (« If I had a hammer », Si j’avais un marteau.) avec en vedettes américaines Sylvie Vartan, Pierre Vassiliu et surtout les Beatles (des petits qui ont bien réussis par la suite…)
    Et puis aussi par la suite Michel Sardou, Serge Lama, Johnny Hallyday, l’Orchestre du Splendid, Michel Boujenah à son tout premier spectacle
    (vous le connaissez maintenant, c’est celui qui dit ne pas être « Pieds-Noirs » et qui a dit des choses très désagréables à notre encontre, je préfère ne pas en parler, boycott total et définitif, malgré ses excuses…), Eddy Mitchell, France Gall etc…

    J’ai eu également la chance de voir (avec Marie) au Parc des Princes, le grand, l’immense Mickael Jackson le 28 juin 1988.

     

     

    A Alger aussi, j'ai pu assisté à de nombreux concerts. Ceux notamment de Georges Brassens (coucou Yvan!), d'Edith Piaf, Marino Marini, Lionel Hampton, Maurice Chevalier, Paul Anka, The Platters (Au Casino Aletti),  Les Chaussettes Noires (avec Eddy Mitchell) et Richard Anthony sur le stade de Guyotville, sans oublier le grand Sydney Bechet (Salle Pierre Bordes). Sydney, le roi de nos surboums ou bouffas) etc etc...


    Festival du Rock à Guyotville en août 1961


    Quelques photos dédicacées d'artistes venus à Alger :

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Carte Postale envoyée De Bayonne, par le régisseur de la tournée Jacques Hélian
    avec les signatures de "Lou Darley, Les Sihvers, Champi, Rolin..."

    En janvier ou février 1964, j’ai eu la chance de voir à l’Olympia, un grand chanteur de l’époque Trini Lopez ("If I had a hammer ", "Si j’avais un marteau") avec en vedette américaine Sylvie Vartan, Pierre Vassiliu et surtout les Beatles (des petits qui ont bien réussis par la suite…)

    La séquence des souvenirs s’arrête là, mais si vous êtes patient, vous découvrirez d’autres choses dans ma saga « Que sont mes platanes devenus… ».

    Voilà, c’est fini, depuis 1998, je suis à la retraite et je me laisse vivre, entre ma compagne Marie, ma fille et ma chienne Venice, une magnifique Golden Retriever.

     


    Venice

    Pour finir, certains et certaines d’entre vous sont au courant de mes problèmes de santé, je n’en ai pas fait mystère. Aujourd’hui, 16 décembre 2012, cela fait exactement 3 mois qu’ils ont commencés et cela va  mieux (encore cinq à six mois de douleurs et de séances de kiné), et bientôt ce ne sera  que de mauvais souvenirs, n’en parlons plus, merci.
    Sauf, pour une petite anecdote assez cocasse qui s’est passée le jour de mon départ de l’hôpital, insolite, bizarre, mais à ne pas manquer, c’est trop drôle, mais absolument véridique, et encore je ne peux pas tout vous dire, à vous de juger. Je vous la conterais dans une prochaine rubrique "Rencontres insolites" à paraitre bientôt.

     

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