• Le cyclisme

    LE CYCLISME A ALGER

     

    Voilà une rubrique que j'aurais aimée, dense, consistante, mais manque de pot, elle sera courte, très courte à moins que je suscite des vocations subites parmi mes anciens compagnons de route. Ils furent nombreux, qui comme moi, ont vite jetés l'éponge. D'autres ont résisté et ont réussi à se faire plaisir et ont connu des résultats intéressants. J'aimerais en citer quelques-uns, et s’ils ont matière à faire connaître leur carrière, je suis prêt à les accueillir sur mon blog. Alors, Hubert, Jojo, Sauveur et les autres, au boulot.
    Certains me reconnaîtront peut-être, d'autres pas, mais cela n'a que peu d'importance, l'essentiel est de faire connaître le Cyclisme en Algérie à notre époque.

    Voilà donc quelques noms :

    Au CCBO : Bettini Sauveur, Canto Jojo, Valente, Gentil Alain, Castaldi Michel, Ferrara, Sconamiglio, Bayonnas Christian, Lofrédo, Almafitano, Cometta,                   Gaglione, Maggio, Torrés.

    Au RASA : Andugar, Chamarande

    Au S.Guyotvillois : Costagliola, Catala

    A l'OHD : By Pierre, Mas, Vinay, Palerme, Charbonel

    A l'ASPA : Combanière, Priels, Forestier, Strozza, Cuach

    Au RCMC : Grégori, Escartefigue, Sebaoun

    A l'UCA : Califano, Cenac, Esterellas, Gautier, Jeanjean, Lautier, Magnier, Mellas, Paloméra, Richevillain, Soucies, Steyer, Montero Jojo, Pezillo,                          Anglada, Di Rago

    Au VCA : Dedieu

    Au SCUEB : Maury, Loisy, Gas, Eberlé, Torrés, Pierrel, Cesa Lino, Combanière, Ferrer Hubert, Paoletti

    A l'UCHD : Bose, Baéza, Xuéreb, Bauman, Simon, Planelles, Alonzo, Nouchi, Muscat

    Au CCH : Minglis, Scotto, Helmer

    A cette liste très incomplète, il faudrait ajouter nos plus anciens, à savoir : Molinès, Guercy Gérard, Marcel Zelasco, Horosco, Charroin le Marocain, etc, etc. ...
    Je compte sur vous, pour alimenter cette rubrique. Entre autres, j'aimerais bien que notre grand champion Hubert Ferrer, me fasse un petit coucou et nous concocte un résumé de sa carrière, Là-Bas et ici en tant que professionnel.

    Pour l'instant, je vous propose de suivre mon énorme carrière qui s’échelonna sur trois courses, à savoir :
    le 3 Avril 1955 avec le
    Premier Pas Dunlop (enlevé au sprint par Alain Gentil du CCBO),
    le 10 Avril 1955 avec le
    Grand Prix Legras,
    et le 17 Avril 1955 avec le III°
    Prix du Triolet (gagné par Césa Lino du SCUEB).

    Licence FFF (Recto) 

    Licence FFF (Verso) 

     Carte de membre du C.C.B.O.

    Il faut savoir que pour pouvoir participer à des courses cyclistes, il faut endurer des séances d’entraînements intensifs. Pour moi qui était étudiant à cette époque, cela relevait de l'impossible, une sortie le mardi, une autre sortie le jeudi, et enfin la grande virée du dimanche.
    Et tout cela entre 5 et 7 heures du matin en semaine, et entre 6 heures et 13-14 heures le dimanche. Ce qui faisait entre 180 et 200 kilomètres par semaine. José Corsaletti de la rue Larrey, Nini Stabile du 58 de la rue Cardinal Verdier pourraient vous le raconter. Hélas, Nini est parti, mais José pourrait me faire un petit coucou, j'en serais ravi. Alain Gentil qui se trouverait dans le midi, pourrait également se rappeler les longues séances d'entraînements que nous faisions ensemble.

    J'en reviens à ma brillante carrière, je vous le rappelle, trois courses en trois dimanches et puis baraket. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que, en premier lieu il y avait la difficulté de trouver du temps. Les études qui me poursuivaient, plus que je ne l'aurais voulu, la fin calamiteuse de celles-ci. Puis ce fut l'accident que j'eu trois mois avant mes débuts dans la descente de la forêt de Baïnem et qui me cloua au lit pour un mois. Certains se rappellent, peut-être, être venu me voir à la Clinique Solal, sur mon lit de douleur. Il y en a même un qui était tombé dans les pommes en voyant ma blessure, n'est-ce pas Adolphe Vasserot ? Ce sacré Adolphe, beau gosse, comme nous tous d'ailleurs, mais avec en plus cette position et cette allure magnifiques sur son engin. Toujours le peigne à la main, une tenue vestimentaire irréprochable (pantalon golf, chaussettes anglaises c'était le parfait gentleman. Il faut vous rappeler que cela se passait dans les années cinquante !), qui faisait sa réputation, et qui nous avait permis de le surnommer le Hugo Koblet de Bab-El-Oued.
    Pour les plus jeunes, il me faut vous rappeler ce grand champion Suisse, qui dès la ligne d'arrivée passée, récupérait son peigne sous la manche de son maillot et se repeignait instantanément. A la même époque un autre grand champion, partageait la Suisse, Ferdi (Ferdinand) Kubler.

    Donc de mon côté, vraiment trop de choses, allaient à l'encontre de ce que je voulais faire. Ma décision sera rapidement prise, d'autant plus que lors d'une sortie d'entraînement, en escaladant la côte du Beau-Fraisier, j'entendis un coup de feu qui m'était peut-être destiné...

    * * *

    Premier Pas Dunlop :

    Le 3 Avril 1955 Premier Pas Dunlop, sur un parcours de 80 kilomètres, départ fictif Boulevard Carnot, devant les bureaux de la Société Dunlop. Départ réel Bd. Galliéni, El-Biar, Chéragas, La Bridja, Zéralda, Mahelma, Saint-Charles, 4 Chemins, Douéra, Crescia, Saoula, Birkadem, Pont de la Cressonnière, Route Moutonnière, Arrivée devant l'Usine Tamzali.
    Championnat de France des débutants, les deux premiers iront faire la finale à Rennes. Sur le conseil de mes dirigeants, je ne fais pas de courses chez les minimes pour ne pas me faire remarquer. Ce fameux accident dans la descente de Baïnem, un mois d'arrêt, et voilà tous mes efforts anéantis.

    Je prends tout de même le départ, diminué mais confiant, 80 kilomètres, malgré les difficultés de ce parcours jalonné de côtes (Mahelma, Douéra, Crescia), ce n'est pas la mer à boire, j'ai essayé de mener bon train lors de mes dernières sorties avec Alain Gentil. Je vais vite me rendre compte, malgré le train de sénateur de la première partie de course, que je ne mouline pas comme il le faudrait.

    Dans la côte de Crescia, je tente ma chance, mes jambes ne répondent pas, je ne peux pas attendre une arrivée au sprint, je sais que je serais battu, car je sprint comme un fer à repasser. Le coup est foireux, je suis vite repris, et je comprends que pour moi c'est foutu. Dans les derniers hectomètres Alain Gentil, arrive à garder une minime avance qui lui permet de remporter le sprint devant Hamani. Michel Castaldi finit quatrième et moi sixième. Trois gars du CCBO. Dans les six premiers, ce fut un beau résultat. Je portais ce jour le dossard numéro 4.  

    C'est Claude Cousseau, qui remporte la finale à Rennes, Hamani terminant 9° ex-aequo, Alain Gentil je ne m'en souviens pas.

     

     

     2 extraits de L'Echo D'Alger du 3 et 4 avril 1955


    L'arrivée devant chez Tamzali (huile)


    De g. à d : Alain Gentil(1er), Alain Chouquet (6ème)
    et Michel Castaldi (4ème)

    Finale à Rennes 1955

      

     

    * * *

    Grand Prix Legras : 

    Le 10 Avril 1955, Grand Prix Legras (du nom du réparateur de cycles situé rue Cavelier- de -la -Salle), organisé par le RASA. Ce jour-là, je porte le numéro 31. La course se dispute sur le parcours suivant: Rampe Poirel, Maison-Carrée, Arba, Rovigo, Bouïnan, Boufarik, Oued-El-Alleug, Coléa, Douaouda, Zéralda, Guyotville, Saint-Eugène, Consolation, Rue Cardinal Verdier, Boulevard de Champagne, Rue Camille Douls, Sidi-Ben-Nour, soit 110 kilomètres.
    Que dire de cette course, sinon que je me souviens avoir serré les dents et les fesses pour ne pas abandonner, il faut dire que j'étais le plus jeune du peloton et pas assez entraîné, et sur ce parcours cela ne pardonne pas.           
    Le même jour se disputait, le Grand Prix Bastos, une course plus huppée. Je ne sais pas, si Sauveur Bettini, un gars de la rue Larrey, courrait le Bastos, ou était avec nous sur le Legras. Toujours est-il, que pour moi c'était mon jour de gloire, dès ma deuxième course me voilà passant devant mon domicile du 60 Rue Cardinal Verdier. J'ai tenu bon jusqu'à la Station Esso de la Consolation, on attaque la montée du Boulevard de Flandre, je me cale tant bien que mal sur le côté droit du peloton, pour que l'on puisse mieux me voir. Seulement ce que je ne rendais pas compte, c'est que ce petit raidillon du Bd. De Flandre a était grimpé pratiquement au sprint et que le 60 est juste à l'angle, en moins de temps qu'il faut pour l'écrire et me voilà déjà à l'angle de la Route de Notre-Dame d'Afrique, au pied de la rue de Réaumur. Comme de bien entendu, personne ne m'a vu, excepté ma Grand-Mère qui était sur sa terrasse du premier étage du 60. Mais peut-être m'a-t-elle dit cela pour me faire plaisir. Pour terminer j'ai tenu dans les roues jusqu'au niveau de l’École de la rue Camille Douls, où j'ai eu la première et dernière crampe de ma vie, au mollet gauche. Irrémédiablement lâché, j'ai pu tout de même finir, vers la quarantième place. Mais j'étais heureux d'avoir pu tenir parmi tous ces cadors, par contre je ne me souviens pas qui a gagné ce jour-là.
     

    * * *

    3ème Grand Prix du Triolet :

    Le 17 Avril 1955, 3ème Grand Prix du Triolet, organisé par le C.C.B.O., dont le Président d'Honneur n'est autre que Monsieur Paul Chouquet, mon Père, grand copain de Monsieur Albert Président du club. Le parcours de 110 kilomètres est truffé d’embûches, voyez plutôt : Départ, Moulin St. Louis, Bouzaréah, Chéragas, Dély-Ibrahim, Ouled-Fayet, St. Ferdinand, Ste-Amélie, Mahelma, Zéralda, Staouéli, Guyotville, St. Eugène, Bd. De Flandre, Rue Cardinal Verdier, Bd. de Champagne, Beau-Fraisier, Bouzaréah, Chéragas, La Bridja, Staouéli, Guyotville, St. Eugène, Bd. De Flandre, Rue Cardinal Verdier, Bd. De Champagne, Arrivée au Triolet. 

    Nous sommes 227 concurrents au départ, très peu à l'arrivée. Beaucoup seront sortis sur chute.  
    Je prends le départ avec la fièvre, un foulard de soie autour du cou, j'ai attrapé une des dernières angines de ma vie, dommage que ce soit ce jour-là. Je tiens, je m'accroche, je fais ce que je peux, mais le mal est plus fort, à bout de force, je dois abandonner à contre cœur. Comme vous avez pu le voir en lisant le parcours, nous passons deux fois devant chez moi, le 60, je ne passerais qu'une fois, abandonnant dans la montée du Beau-Fraisier (le retour à la maison seras plus facile, il n’y avait qu’à se laisser descendre). Il y avait dans cette course un grand favori, qui ce jour ne gagneras pas, c'était mon copain Hubert Ferrer. Bientôt, il quittera le SCUEB, pour rejoindre le CCBO, mais je n'y serais plus, ma carrière s'arrêtant là. Pour en revenir à cette course, c'est Césa Lino qui gagneras, Sauveur Bettini (de la rue Larrey) finissant troisième au sprint, Hubert Ferrer septième, avec deux autres potes du CCBO, Christian Bayonnas et Jojo Canto, ainsi que notre coéquipier Gaglione le frotteur de roues, Lagrâa du WRBelcourt, qui deviendras un bon coureur, Paoletti du SCUEB etc...

     

     

     * * *

    Il faut que je rajoute encore quelque chose. Quelques mois auparavant, un copain en la personne d'Adolphe Vasserot, essaya de m’attirer vers l'Union Cycliste Algéroise, l'UCA. J'ai ainsi fait la connaissance de Califano, Esterellas, Lautier, Richevillain, Jeanjean, etc...
    Et surtout j'ai côtoyé toute la matinée notre Grand Marcel Molinès. Cette sortie hivernale au Pont de Mazafran, s'est poursuivie par une séance de culture physique, et une petite course par équipe de deux, entre le Pont du Mazafran et les 4 Chemins, aussi plat que la Beauce. Il y avait seize équipes, en pignon fixe, comme cela sied à cette époque de reprise, pour pouvoir se muscler un peu plus. J'ai fait du mieux que possible, en duo avec Jojo Montero, un bon coureur de l'époque (Sauveur, Jojo et Christian l'ont bien connu). Nous avons fini troisièmes derrière la paire, Estrellas-Tazir arrivés premier, Anglada-Di Rago deuxième. Califano-Pezillo finissaient quatrième, et la paire Beraf-Haouari cinquième etc... 
    Un jeune coureur, plus vieux que moi d'un an à peu près gagna la course mixte avec Mlle Mayeux. Je le retrouverais un peu plus tard, sur les routes, et dans d'autres situations. Il avait gagné le Premier Pas Dunlop, quelques mois auparavant et finit deuxième à la grande finale en Métropole.
    Il gagnera le Championnat de France Militaire et fera par la suite la grande carrière professionnelle que l'on connaît, il s'agissait bien sûr d'Hubert Ferrer.

     




    Quatre photos que j’ai prises dans le Sidi-Ben-Nour je pense en 1950/52.
    On y voit Lagraa, Abdelkader Zaaf, Gérard Guercy et Marcel Molinès :

     


    J’ai trouvé cette photo sur un stand de brocanteur,
    seule au milieu d’un tas de vieux papiers,
    elle semblait me tendre les bras et n’attendait que moi.

    Marcel Molinès né à Alger en 1928, vainqueur d’une étape
    du Tour de France à Nîmes en 1950.
    Une étape mémorable où il était échappé avec Zaaf.
    Il n’a couru qu’un an chez Peugeot en 1949.

    A remarquer une seule signature, celle de Marcel. 

    * * * 

     

    Galerie de photos

     

    Hubert Ferrer 

     

    champion de France militaire à Alger 

     

     coéquipier de Raymond Poulidor

     

    Jacques Anquetil et Hubert Ferrer

     

     Louison Bobet et Hubert Ferrer

     

     Abdelkader Zaaf, "le casseur de baraque"

     

     

     

     

    Et pour finir, votre serviteur! (Course de côte - 1980, Club Mediterranée, Port-Grimaud)

     

    La suite dans "Le petit carnet bordeaux"...