• Le 13 mai 1958


    NOTRE HISTOIRE
    DE 1954 AU 13 MAI 1958

    Il y a plus de 55 ans, le 13 Mai 1958, notre Révolution prenait son envol. Il faut tout de même se rappeler ce qui s'était passé les années précédentes. 

     

       1954                                                     

    - Depuis le 16 janvier 1954, René Coty a remplacé Vincent Auriol à la tête de la République Française.
    - Le 7 mai, Dien-Bien-Phu tombe.13.000 soldats et officiers français sont faits prisonniers par le Viet-Minh.
    - Le 18 juin, Mendès-France est investi par l'Assemblée Nationale.
    - Le 20 juillet, accord de cessez le feu en Indochine.
    - Le 1er novembre, début de la guerre d'Algérie.


      1955                                                                                                          

    - Le 25 janvier 1955, Soustelle est nommé Gouverneur Général de l'Algérie, il arrive à Alger le 15 Février.
    - Le 6 février, chute du Gouvernement Mendès-France.
    - Le 20 février, grande réunion du mouvement de Robert Poujade au Vélodrome d'Hiver (Vel d'hiv.).
    - Le 23 février, déclaration de J. Soustelle à l'Assemblée Algérienne : « La France ne quittera pas plus l'Algérie que la Provence ou la Bretagne. Un  choix a été fait par la France. Ce choix s'appelle l'intégration. » Les forces militaires en Algérie sont passées de 49.700 hommes en novembre 1954 à  80.000 hommes environ.
    - Le 25 février, investiture d’Edgar Faure.
    - Le 2 avril, l’état d'urgence est décrété.
    - Le 5 avril, Edgar Faure déclare : « Un nombre très faible de brigands et de criminels, trois ou quatre cents au plus, provoquent des troubles qui        sèment la terreur. Nous ne pouvons pas le tolérer. »
    - Le 21 mai, les effectifs militaires sont portés à 100.000 hommes.
    - Le 24 juin, à Marseille, Coty déclare : «Non ! Ces pays que la France a civilisés et fécondés, elle ne les abandonnera pas... ».
     -Le 20 août, massacre à El-Alia.
    - Le 30 novembre, Edgar Faure est renversé.

       1956                                                      

    - Le 14 janvier 1956, création à Alger d'un Comité d'Action et de Défense de l'Algérie Française.
    - Le 31 janvier, investiture de Guy Mollet.
    - Le 2 février, J. Soustelle quitte Alger.
    - Le 6 février, la journée de tomates. Guy Mollet à Alger. Il accepte la démission du général Catroux, comme ministre résident en Algérie.
    - Le 9 février, Robert Lacoste est nommé Ministre résident en Algérie.
    - Le 1er mars, on peut lire dans l’Écho d'Alger : « Bône. Les officiers de réserve réclament l'état de siège, la mobilisation générale, la rupture des relations diplomatiques avec les États arabes qui encouragent et aident la rébellion, et encore des sanctions sévères contre les journaux qui encouragent et glorifient la rébellion et qui invitent le gouvernement à négocier avec les traîtres à la solde de l'étranger. Les officiers de réserve lancent un appel aux patriotes de la métropole, aux associations d'anciens combattants, à la jeunesse de France pour imposer aux pouvoirs publics une politique de grandeur digne de la France, puissance mondiale. «
    - Le 2 mars, Indépendance du Maroc.
    - Le 15 mars, Soustelle crée l'U.S.R.A.F. (Union pour le salut et le renouveau de l'Algérie Française).
    - Le 20 mars, Indépendance de la Tunisie.
    - Le 8 mai, manifestation à Alger contre R. Lacoste
    - Août : 402.000 soldats en Algérie.
    - Le 30 septembre, les deux premiers attentats à la bombe à Alger : Au Milk-Bar, Place Bugeaud et à la Cafétéria, rue Michelet. Bilan 63 blessés.
    - Le 22 octobre, arrestation de Ben-Bella, Khider, Boudiaf, Aït Ahmed et Lacheraf, dans l'avion sur le trajet Maroc-Tunisie.
    - Début des bombardements anglo-français en Égypte.
    - Le 5 novembre, ultimatum soviétique.
    - Le 13 novembre, le général Salan est nommé commandant en chef en Algérie.
    - Le 24 décembre, fin de l'évacuation des troupes anglo-françaises en Égypte.

       1957                                                       

    - Le 7 janvier 1957, le général Massu devient responsable du maintien de l'ordre à Alger
    - Le 16 janvier, Attentat contre le général Salan. Le commandant Rodier est tué.
    - Le 12 juin, investiture de Bourgès-Maunoury.
    - Le 2 juillet, J.F.Kennedy se prononce en faveur de l'Indépendance.
    - Le 5 novembre, investiture de Félix Gaillard.
    - Le 12 novembre, renouvellement des pouvoirs spéciaux.

       1958                                                       

    - Le 8 février 1958, bombardement de Sakiet-Sidi-Youssef en Tunisie.
    - Le 17 février, « bons offices », entre la France et la Tunisie.
    - Le 2 mars, MM. Duchet, Debré, Soustelle, Morice et Bidault réclament un gouvernement de Salut public.
    - Le 15 avril, Félix Gaillard est renversé.
    - Le 26 avril, manifestation à Alger de l'U.S.R.A.F. Une motion est envoyée au président de la République « Les manifestants font le serment devant leurs morts de s'opposer par tous les moyens à la constitution de tout gouvernement d'abandon. Ils exigent la constitution d'un gouvernement de salut national, seul capable de restaurer la grandeur de la patrie. »
    - Le 8 mai, Pierre Pflimlin, président du M.R.P., est choisi pour constituer le nouveau gouvernement. L’émotion est forte à Alger, car le Député-Maire de Strasbourg a préconisé il y a peu l’ouverture de pourparlers avec le F.L.N.
    - Le 9 mai, trois soldats français prisonniers sont exécutés par le F.L.N.
    - Le 11 mai, dans Dimanche-Matin, un article d'Alain de Serigny « Parlez, parlez vite, mon général ! » Le lendemain, il reprend ce thème dans l’Écho-d’Alger.
    - Le 12 mai, constitution du ministère Pflimlin. Il est investi dans le courant de la nuit du 13 au 14 Mai.

     


    UNE JOURNEE DE DUPES. 
    LE MARDI 13 MAI 1958 A ALGER, 
    LE DEBUT DE NOS DEBOIRES.

     

     

    La France est ici (mai-juin 1958) - Voir la video

    Date de publication : 31 mars 2011
    Catégorie : Histoire, Vidéos
    Lieux : Alger, Algérie, Boufarik, Constantine, Maison-Blanche,
    Evènement : La France est ici (mai-juin 1958).,
    Date de l'évènement : Juillet 1958,
    Personnes : De Gaulle, Jouhaux, Massu, Salan, Sid Cara, Soustelle,
    Référence : SCA 147,
    Copyright : SCA/Algérie : Service Cinématographique de l'Armée française en Algérie - ECPAD

    “La France est ici.. Elle est ici en vous, hommes et femmes d’Algérie. Elle est ici dans son armée…"
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    Ce matin du 13 mai 1958, une grève générale est décrétée par le Comité de Vigilance, crée par Léon Delbecque avec Neuwirth, Vinciguerra etc...Elle débutera à 13 heures. L'objectif, réclamer un gouvernement de Salut public, présidé par le général de Gaulle (pauvre de nous, à partir de ce moment, c'est fini).

    Le Groupe des Sept (Étudiants de Lagaillarde, Poujadiste, et activistes du viticulteur Robert Martel) se met d'accord et a même prévu de prendre d'assaut le bâtiment du Gouvernement Général, le fameux G.G. (Afin de prendre de vitesse les Gaullistes, essayer d'imposer le général Salan et mettre au pouvoir l'armée). Le P.C. du Comité se trouve dans les bureaux du "Bled" (l'organe de presse de l'armée) sur le boulevard Laferrière, tout près du Monument aux Morts et du G.G.

     

    LIEU DE NAISSANCE DE LA Vème REPUBLIQUE

     

     

     

     

     

     

     

      

    Le Ministère de l'Algérie, Le Monument aux Morts, La Salle Pierre Bordes, Les Jardins des Boulevards Laferrière et Maréchal Foch, au loin la Bibliothèque.    Vue générale sur le G.G, le Stade Leclerc, La Bibliothèque,
    la rue Berthezène

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le Gouvernement Général (G.G.)   Le Bd Laferrière, les Jardins, l'Escalier Monumental,
    la Salle Pierre Bordes, le Forum (Place Georges Clémenceau)

     

    Malgré l'absence du général Cherrière (Babar), ancien commandant en chef en Algérie qui devait prendre la tête de l'insurrection, le Groupe des Sept décide tout de même de prendre d'assaut le G.G.
    La foule est convoquée à 15 heures, alors que le dépôt de gerbe est prévu à 18 heures. Le Colonel Godard commandant le secteur Alger-Sahel, responsable de l'ordre s'inquiète de cette manifestation et de la présence de la foule, trois heures avant le dépôt.

    Aux portes des Facultés, Pierre Lagaillarde, le Président de l'A.G.E.A. (Association Générale des Étudiants d'Alger), sous-lieutenant barbu et en tenue léopard, se prépare avec ses troupes d'étudiants. R. Martel et ses partisans le rejoignent.
    La foule immense se dirige vers le boulevard Laferrière. Les Anciens Combattants arrivent au Monument aux Morts. Les généraux Salan et Jouhaud, l'amiral Auboyneau, le général Allard et le général Massu arrivent eux aussi aux pieds du Monument. Des cris partent « L'armée au pouvoir ! ». Sonnerie aux morts. D'autres cris « Massu au pouvoir ! ». Le général Massu et ses paras sont les chouchou des Algérois.
    Un peu plus haut, au G.G., sur le Forum (la grande Place sise devant le bâtiment, la Place G. Clemenceau), les C.R.S. jettent des grenades lacrymogènes sur des lycéens tentant d'atteindre le G.G. Pendant ce temps à Paris, le complot qui devait se tramer dans la nuit du 13 au 14 Mai a fait "tchouffa". A Alger, tout allait être bouleversé, ce n'était pas les gaullistes qui avaient eu l'initiative du mouvement... Mais revenons à Alger.

    En tenue camouflée, Pierre Lagaillarde, l'homme du 13 mai debout sur le Monument aux Morts


    Tous au G.G., hurle Lagaillarde et Martel suit. Sur la dalle du Forum, qui sert surtout de parking aux visiteurs du G.G., les C.R.S. ont déployé leurs camions en barrage. Voyant arriver la horde des manifestants, les C.R.S. se replient derrières les grilles. Le Forum appartient désormais aux manifestants.

    Les paras du Colonel Godard arrivent et laissent passer Lagaillarde, Martel et la foule. Les jets de pierres viennent à bout des vitres du G.G. Les paras sont submergés, les hommes de Lagaillarde se saisissent d'un G.M.C. appartenant aux paras et fonce sur la grille qui cède. Il est 18 heures 45.
    Le G.G. est pris d'assaut, les vitres volent en éclats, la porte d'entrée est défoncée, l’émeute commence. Les bureaux sont envahis, les armoires sont vidées, tout passe par les fenêtres ! La bibliothèque est incendiée, 500 hommes se sont emparés du G.G.
    Le colonel Ducournau écrit sur un tableau noir qu'il présente du haut du balcon à la foule : « Je viens de téléphoner à Paris pour demander un gouvernement de Salut Public. L'armée est la garante de l'Algérie Française.»

    Le ministre résident Robert Lacoste est absent, il est à Paris. Maisonneuve est responsable en son absence. Il est 19 heures 15, Lagaillarde entre dans le bureau de Maisonneuve, directeur du cabinet, où se trouvent les personnalités suivantes : Chaussade, le secrétaire général; Perroud, le directeur de la Sécurité; Jean Bozzi, le secrétaire général de la Préfecture; Gorlin, le directeur de l'Information ainsi que des commissaires de police en uniforme, des officiers, des journalistes et quelques inconnus qui devien-dront des membres du Comité de Salut Public, le "C.S.P.".

    Massu n'arrive seulement qu'à 19 heures 30. Après la manifestation il était rentré chez lui à Hydra sur les hauteurs d'alger. Le baroudeur, qui a vaincu le terrorisme à Alger en 1957, est invité à son tour par Guy Forzy à dire quelques mots à la foule. Massu refuse. « Ces cons là me font chier ! Je n'ai rien à leur dire. C'était une journée patriotique pour nos trois camarades fusillés par le F.L.N. Ce n'est pas une journée de saccage !!! »
     
    Arrive dans la foulée le Commandant Supérieur Raoul Salan qui, après la cérémonie au Monument aux Morts était rentré à pied à ses bureaux rue d'Isly (La Xe Région Militaire, Place Bugeaud). Pour revenir  il dû emprunter le souterrain qui  reliait  la  X° Région Militaire au G.G.
    Poussé vers le balcon, il est hué par la foule qui en revanche scande « Vive Massu ! Vive Soustelle ! ». Celui-ci est consterné.

    Debout et en tenue camouflée sur le Monument 
     aux Morts,l'homme du 13 mai, Pierre Lagaillarde. 

     

     


    Maisonneuve, le directeur de cabinet de R. Lacoste a appelé le Président du Conseil Félix Gaillard. Celui-ci autorise le directeur de Cabinet à déléguer ses pouvoirs civils au Général Salan. Mais Salan ne pouvant affronter la foule, c'est Massu qui hérite de ses pouvoirs. Gaillard est d'accord.

    A 20 heures 45, le général Massu apparaît au balcon et annonce : « Un Comité de Salut Public vient d'être crée sous la présidence de moi, général Massu ! ». Ovation de la foule qui entonne une vibrante Marseillaise.

    La liste de C.S.P.ne comprenait ni gaullistes, ni anciens combattants. En voici sa composition.


    • général Jacques Massu, président
    • colonel Ducasse, adjoint,
    • colonel Roger Trinquier, adjoint,
    • Auguste Arnoud, pilote
    • André Baudier, commis aux HLM
    • Mohamed Berkani, comptable
    • Thaieb Chikh, agriculteur
    • Maurice Coulondre, agent immobilier, conseiller défense nationale
    • René Denis, directeur commercial
    • Claude Dumont, directeur commercial
    • Armand Froment, ingénieur
    • Joseph Jolivet, conducteur de travaux
    • Pierre Lagaillarde, avocat
    • Jean Lalanne, directeur commercial
    • Jacques Laquière, avocat
    • Bernard Lefèvre, docteur
    • Jean L’Hostis, ingénieur des ponts & chaussées
    • Mohand Saïd Madani, contremaître
    • Saci Madhi, commandant en retraite
    • Robert Martel, agriculteur
    • Claude Martin, industriel
    • Jacques Merlo, ingénieur
    • Gabriel Montigny, agent
    • Paul Moreau, directeur de société
    • Maurice Mouchant, directeur d’école
    • Roger Muller, professeur
    • Edgar Nazare, ingénieur aéronautique
    • Lieutenant Lucien Neuwirth
    • Rodolphe Parachini, employé
    • Armand Perrou, commercial
    • André Prost, expert près les tribunaux
    • André Regard, secrétaire général ministère de l’Algérie
    • Alain de Serigny, directeur de L’Écho d'Alger
    • Armand Vacher, chef de service
    • René Vinciguerra, administrateur
    • capitaine Jacques Eengels
    • capitaine Robert Marion
    • capitaine Charles Renaud
    • Maurice Crespin, représentant
    • Roger Goutailler, commerçant
    • Jean Ortiz, commerçant
    • Jacques Roseau, lycéen
      (liste Wikipédia)

    Massu lit au balcon du G.G. le contenu du télégramme qu'il vient d'envoyer au Président de la République René Coty : « Vous rendons compte de la création d'un Comité de Salut Public civil et militaire à Alger, présidé par le Général Massu, en raison de la gravité de la situation et de la nécessité absolue de maintenir l'ordre et ce, pour éviter toute effusion de sang. Ce Comité attend avec vigilance la création d'un gouvernement de Salut Public, seul capable de conserver l'Algérie, partie intégrante de la métropole.»
    Il faut rappeler que la manifestation au Monument aux Morts était organisée pour saluer la mémoire des trois soldats français (Richomme, Ducourteix et Feuillebois) exécutés par le F.L.N. à Souk-El-Arba en Tunisie et également pour s'opposer à la formation du gouvernement Pierre Pflimlin.

    A 21 heures, Léon Delbecque arrive en se présentant comme l'envoyé de Jacques Soustelle. Massu rajoute Delbecque sur la liste du C.S.P. ainsi que quelques membres appartenant du Comité de Vigilance. Delbecque annonce au balcon l'arrivée de Jacques Soustelle. Nouvelle ovation de la foule. Trois délégués du Comité transportés en Dodge militaire, rue Hoche, prennent possession de Radio-Alger. Le général Petit (Gaulliste) arrive de Paris, sans Soustelle.
    A 23 heures 45, Massu au balcon annonce l'appel à de Gaulle. (Début de nos malheurs !)

    A Paris, le gouvernement de Félix Gaillard, moribond, délibère et prend des mesures vis à vis de la Révolution d'Alger :
    - il coupe les communications téléphoniques et télégraphiques avec l'Algérie
    - il interdit les départs d'avions pour Alger ainci que ceux des navires.
    - un télégramme est envoyé à Salan limitant ses pouvoirs à la zone d'Alger.

    Pflimlin va être investi et le C.S.P. ne peut que constater l'echec du soulèvement. Soustelle n'est pas là, de Gaulle ne se profile pas.
    A 2 heures 45, Pflimlin obtenant 274 voix contre 111 est investi, les communismes se sont abstenus.

    Le seul espoir reste Salan. A 3 heures il déclare: « Algérois, ayant la mission de vous protéger, je prends provisoirement en main les destinées de l'Algérie Française. Je vous demande de faire confiance à l'armée et à ses chefs, de montrer par votre calme votre détermination. » «Vive Salan ! Vive l'armée ! Vive de Gaulle ! »

    Pflimlin forme son gouvernement, Guy Mollet et Jules Moch en font partie.


    Quelques détails suplémentaires sur le déroulement de cette journée mouvementée :
    Deux incidents sont à signaler : la mise à sac du Centre Culturel Américain et la tentative d'investissement du Journal d'Alger, le journal du Maire Jacques Chevallier.
    Le groupe des Sept entend s'emparer du G.G.,
    Le Comité de vigilance a prévu de demander un Comité de Salut Public.
    Les Sept veulent la prise du pouvoir par les militaires. Robert Martel, Jo Ortiz, le colonel Thomazo, Pierre Lagaillarde et ses harkis sont là.


    Autour et sur la voiture une partie du Groupe des Sept
    On aperçoit Jo Ortiz. Devant eux les Harkis de Lagaillarde.

     


    Les Harkis et Pierre Lagaillarde pénètrent dans le G.G.


     Devant le Monument aux Morts : les Généraux Raoul Salan, Jacques Massu et Edmond Jouhaud.

    La cérémonie au Monument aux Morts est très brève, elle durera trois minutes. Les généraux s'esquivent rapidement, ils ne veulent pas prendre parti. Lagaillarde, donne le signal « Tous au G.G. ! ». Les C.R.S. (une invention de Jules Moch) se replient derrière les grilles. Les parachutistes du 3° R.P.C. (du colonel Trinquier) doivent les remplacer, mais ne les voyant par arriver, les C.R.S. font une sortie et dégagent la place des premiers attaquants (les lycéens de Jacques Roseau). Retranchés à nouveau à l'intérieur des grilles du G.G., les C.R.S., font usage de grenades lacrymogènes. Les paras qui arrivent enfin, ne tentent que vaguement d'endiguer les attaquants. Ni Godard, ni Trinquier n'interviennent. Seul le Colonel Ducourneau du cabinet de R. Lacoste essaie de raisonner les manifestants.



    La foule se presse devant les grilles du G.G.

     

    C'est un camion du 3° R.P.C. qui sert à enfoncer les grilles. Les premiers patriotes s'infiltrent dans le bâtiment. Il est 18 heures 30, le général Salan est prévenu par téléphone.



    Début de la prise du G.G. On aperçoit à droite le camion qui a servi a enfoncer les grilles.


    Et c'est parti, le G.G. est pris d'assaut


    Un semblant de défense des parachutistes qui lance une grenade lacrymogène.



    Le G.G. est pris, les dossiers volent au vent.


    Pas un seul coup de feu n’est tiré. Pendant plus d'une heure les dossiers du G.G. vont pleuvoir sur la foule qui attend de savoir ce qu'il va se passer.
    Le buste de Marianne a été descellé.
    C'est une bataille politique qui maintenant va se dérouler au premier étage dans le bureau de M. Maisonneuve, investi à 19 heures 15, par Lagaillarde. Le colonel Ducourneau essaie de calmer la foule en brandissant un tableau noir sur lequel est inscrit : « L'armée est la garantie de l'Algérie Française ».
    A 19 heures 30, le général Massu arrive, il apostrophe Lagaillarde : « Qu'est-ce que c'est que ce déguisement ? » Dans la foulée arrivent les Généraux Salan, Jouhaud, Allard ainsi que l'Amiral Auboyneau et le Colonel Thomazo (nez de cuir). Salan se fait huer, Massu et Soustelle sont applaudit. Vers 20 heures 30, l'idée est lancée, d'un Comité de Salut Public mixte civils et militaires.



    Les regards se porte sur le fameux balcon, la foule piétine les documents officiels.

    C'est Massu qui prend la tête de ce premier Comité. La liste (voir plus haut) est rédigée à la hâte. Massu vient lire à la foule le texte du télégramme qu'il adresse au président Coty. (Voir plus haut) Vers 21 heures, Delbecque et les gaullistes arrivent enfin au G.G. Le général Salan est confirmé par télégramme venant de F. Gaillard, de l'octroi des pouvoirs civils et militaires. Dans la soirée, Salan annonce à Radio-Alger qu’il « prend en main les destinées de l’Algérie Française. »

     L'immense espérance d'une foule historique sur le Forum




    L'Echo d'Alger paru le 14 mai 1958

     

     


     

    Les jours qui suivirent le 13 mai :


    A l'aube du 14 mai, des affichettes ont été placardées dans Alger : « Le général Salan, commandant supérieur interarmées, assume les pouvoirs civils et militaires pour assurer le maintien de l'ordre, la protection des biens et des personnes et la conduite des opérations. Le Comité de Salut public constitué sous la pression des événements pour affirmer la volonté des populations franco-musulmanes de rester françaises assure la liaison entre elles et le commandement qui lui transmet ses ordres. Il importe que tous les rouages de l'administration soient mis en route au plus vite afin qu'il n'y ait aucune perturbation dans la vie du pays et dans la conduite des opérations. La population est invitée à conserver son calme dans la dignité et la discipline. L'autorité militaire invite chacun à lui faire confiance et à reprendre le travail. L’Autorité militaire. » 

    Vers 10 heures du matin, des milliers de personnes affluent sous le balcon du G.G. Ce 14 mai, deux conférences de presse ont lieu. L'une à la X° Région militaire, de Massu, l'autre au G.G. De Delbecque.

    Les 14 et 15 Mai vont amener le ralliement de toute l'Algérie à Alger. Le blocus est effectif, l'Algérie et l'armée n'ont que dix jours d'avance. Il faut de l'argent. C'est le 15 mai au matin que Salan se décide à crier « Vive de Gaulle ! ». C'est fini, notre sort est réglé, mais nous ne le savons pas encore. Seules, quelques personnes, savent et se doutent de l'avenir.

     Le général Salan avec à sa droite le général Jouhaud. Debout en civil Léon Delbecque.

    L'appel du général Salan à de Gaulle a fait l'effet d'une bombe à Paris. De Gaulle répond par l'affirmative, en disant : « Je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République. ». Sur le forum, au balcon c'est L. Delbecque qui lira le message du général de Gaulle. La Marseillaise est entonnée par les membres du Comité de Salut public. 


    Une partie de la foule sur le Forum

      


    Raymond Tortora tendant son micro à Léon Delbecque et Jacques Massu.

     

     

     

     

    Le 16 mai, les Algériens apparaissent sur le Forum.

    Le 17 mai à 14 heures 15, Radio Alger interrompt ses émissions : 
    « M. J. Soustelle vient d'arriver à Maison-Blanche. Il sera dans quelques instants à Alger. Algérois, Algéroises, rassemblement au Forum. Applaudissez M. J. Soustelle, pavoisez vos demeures, nous vous dirons dans quelques instants à quelle heure M.J.Soustelle se rendra au Forum. »

    A 16 heures, il apparaît au balcon, soulevant une formidable ovation. « Il y a trois jours encore, j'étais à mon siège de parlementaire, afin de poursuivre mes efforts. Mais soumis à une incessante surveillance, menacé à tout instant dans ma liberté, je ne pouvais plus continuer à accomplir mon devoir. J'ai donc décidé de revenir à Alger. Au milieu du peuple, aux côtés de l'armée, j'ai choisi à la fois la liberté et la patrie. Je viens me mettre à la disposition de l'Algérie Française qui vient de me donner un magnifique exemple ? Je n'ai d'autre ambition que de refaire l'unité nationale sur les deux bords de la Méditerranée. Vive la République ! Vive l'Algérie Française ! Vive la France ! Vive de Gaulle ! »  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     



    Photo de gauche : une petite manif sur la statue de Thomas Bugeaud, place d'Isly sous les fenêtres de la Xème région militaire.
    Photo de droite : de gauche à droite, Thomazo (nez de cuir), Salan, Soustelle et Jouhaud.


    Le jour même de l'arrivée de Soustelle une immense manifestation avait été prévue, pour associer à Alger les environs de la ville. On y verra les délégations de l'Est-Mitidja : Maison-Carrée, Fort-de-l ‘Eau, Rovigo, l'Arba, Maison-Blanche … des milliers, musulmans pour la plupart. On applaudit, on hurle. C’est alors une grande journée de fraternisation, les femmes arabes se défont de leurs voiles, les mains s’unissent et font la chaîne de l’amitié, les musulmans manifestent sous des drapeaux tricolores, mêlés aux Européens, on rit, on chante, on s’embrasse…

    On vient en masse au G.G. par camion entier.

    Le Comité créé le 13 Mai, est passé de 17 à 40, puis à 72 membres.

     Une partie du Comité de Salut Public

    Le 14 à 2 heures du matin Pflimlin était investi par 274 voix contre 128. 

    Depuis le 15 Mai, Guy Mollet est vice-président du Conseil. Les pouvoirs spéciaux sont votés par 462 voix contre 112.
    Le 19 Mai conférence de presse du général de Gaulle au Palais d'Orsay. 4000 hommes sont présents pour assurer sa protection.
    Interrogé sur l'Algérie, il répond :
    - « En Algérie, il y a une population qui depuis des années, est dans la guerre, les meurtres, les attentats. Cette population constate que le système établi à Paris ne peut pas résoudre ses problèmes. Bien plus ! Elle a vu ce système s'orienter récemment vers les offices de l'étranger. Elle a entendu l'homme, qui est d'ailleurs mon ami, et qui se trouvait à ce moment-là ministre de l'Algérie, déclarer publiquement : Nous allons à un Dien-Bien-Phu diplomatique ! Elle voit à Paris les crises succéder aux crises, l'impuissance à l'impuissance, les mêmes représentants des mêmes partis se mélanger indéfiniment dans les mêmes postes ministériels, sans qu'il en sorte jamais rien de net, de précis et d'efficace. Comment veut-on, qu'à la longue, cette population ne se soulève pas ? Comment n'irait-elle pas chercher ailleurs que dans des combinaisons parlementaires un recours à ses malheurs ? C'est fatalement ce qui s'est produit. »... « Et alors, les Algériens crient « Vive de Gaulle ! » comme le font d'instinct les Français quand ils sont plongés dans l'angoisse ou emportés par l'espérance. Ils donnent, en ce moment, le spectacle magnifique d'une immense fraternisation, qui offre une base psychologique et morale aux accords et aux arrangements de demain, base infiniment meilleure que les combats et les embuscades. ... « Enfin, ils donnent la meilleure preuve que les Français d'Algérie ne veulent pas, ne veulent à aucun prix, se séparer de la métropole. Car, on ne crie pas :
    « Vive de Gaulle ! » quand on n'est pas avec la Nation. »

    A la question :
    - « Ne pensez-vous pas qu'au moment précis où vous avez lancé votre appel, la rébellion, la mutinerie algérienne étaient en train de s'effriter ? Vous avez redonné courage aux factieux. Votre conférence de presse les renforcera... »,
    De Gaulle répond :

    - « Je souhaite donner courage et vigueur aux Français qui veulent l'unité nationale, qu'ils soient d'un bord ou de l'autre de la Méditerranée. Car c'est cela la question ! Le reste ce sont des histoires d'un univers qui n'est pas le mien. On fera plus tard l'étude des responsabilités. Aujourd'hui, il y a un fait. Certains traitent de généraux factieux des chefs qui n'ont été l'objet d'aucune sanction de la part des Pouvoirs publics, lesquels, même, leur ont délégué toute l'autorité. Alors, moi, qui ne suis pas actuellement les Pouvoirs publics, pourquoi voulez-vous que je les traite de factieux ? Voyez-vous, dans ce drame, il faut être sérieux. Je tâche de l'être. Voilà tout ! »

    Le 24 mai, c'est le début de la conquête de la Corse. C'est le colonel Thomazo (Nez de cuir) qui est nommé gouverneur de la Corse le 25 mai. La menace sur la France se fait plus précise. Chacun sent maintenant que le débarquement des paras en France est devenu possible.

     En Corse, le Colonel Thomazo faisant le V de la victoire. A sa droite le député Pascal Arrighi.

    Le processus est engagé. Les pourparlers entre le gouvernement légal et le Général de Gaulle se poursuivent. A Alger et en Métropole les activistes (?) s'impatientent. A Paris de Gaulle rencontre clandestinement Pflimlin. De Gaulle ne tient pas à être porté au pouvoir par les parachutistes, il fait alors un communiqué affirmant faussement que le processus de son retour au pouvoir est engagé. Il craint l'opération Résurrection prévu par les comploteurs pour l'amener au pouvoir.

    Le 28 mai à 3 heures du matin, Pierre Pflimlin démissionne. De Gaulle reçoit à Colombey un émissaire de Salan, le général Dulac. Le putsch doit avoir lieu à 1 heure du matin.
    Le débarquement est pour demain 28 mai, les paras arriveront sur Paris (Aérodromes militaires de Villacoublay et du Bourget). Quatre régiments sont attendus.
    Mais le débarquement n’aura pas lieu, de Gaulle n’en veut pas. Il envoie un message à Pflimlin : « J’ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain. Dans ces conditions, toute action de quelque côté qu’elle vienne, qui met en cause l’ordre public, risque d’avoir de graves conséquences. Tout en faisant la part des circonstances, je ne saurais l’approuver. J’attends des forces terrestres, navales et aériennes présentes en Algérie, qu’elles demeurent exemplaires sous les ordres de leurs chefs, le Général Salan, l’Amiral Auboyneau, le Général Jouhaud. A ces chefs, j’exprime ma confiance et mon intention de prendre incessamment contact avec eux. » 
    Un autre message est envoyé à Alger à Salan, par la voie officielle en passant par le Général Lorillot, Chef d’Etat-major Général, installé aux Invalides.
    Pflimlin, que de Gaulle a rencontré dans la nuit, est pris de vitesse. A 3 heures du matin dans la nuit du 28 au 29 mai 1958, il donne sa démission au Président Coty.
    C'est alors que Coty fait appel à de Gaulle. Le scénario de l'investiture est mis au point, il convainc les socialistes et Guy Mollet, conquis, devient vice-président du Conseil.
    Le 29 mai au matin le Président Coty annonce le nom du nouveau Chef de Gouvernement, ce sera de Gaulle. Il met même sa démission dans la balance. A 10 heures 30 le communiqué va bloquer à Alger les préparatifs d’embarquement.
    Le Général Miquel qui commande cette opération « Résurrection » à Toulouse reçoit le message radio suivant : « Action prévue pour le 30 annulée. Mais on envisage de la reprendre en fin de semaine en cas de difficulté ». C’est le Président de l’Assemblée Nationale, Le Troquer qui  de l'Elysée en fait lecture. A 21 heures le Général de Gaulle arrive à l’Elysée. Le 30 mai toute la France est rassurée, la guerre civile est écartée.

    Les négociations avec les Socialistes scandalisent les révolutionnaires du Forum et les militaires veulent faire place nette. L’opération "Résurrection" déjà reportée deux fois aura lieu dans la nuit du 31 mai : c’est au Général Miquel à Toulouse de prendre la décision avant 15 heures ce 30 Mai, la pression est énorme, aussi bien des gens d’Alger, que des civils toulousain, des organisations de Paris, de province, de CRS, etc…
    15 heures passe et rien ne se passe, le Général Miquel a renoncé à l’opération. (Le 20 août 1958, il sera mis à la retraite, on le nommera Grand-Croix de la Légion d’Honneur.)
    « En mon âme et conscience, je crois avoir rendu le plus grand service au général de Gaulle et au pays », répondra-t-il à ceux qui lui marquent leur réprobation.

    Le 1er Juin le "prestidigitateur" constitue son cabinet, le général lit son discours d'investiture, à l'Assemblée nationale. La IV° République va se saborder par 329 voix contre 224, dont 83 communistes. C'est François Mitterrand qui prendra la parole pour ces derniers : « Alors que le plus illustre des Français se présente à nos suffrages, je ne peux oublier qu'il est présenté et appuyé d'abord par une armée indisciplinée. En droit, il tiendra son pouvoir de la représentation nationale. En fait, il le détient déjà du coup de force. »

    Des manifestants montent à l'assaut du G.G.

    Puis le reste va suivre, le vote des pouvoirs spéciaux pour six mois, le mandat de réformer la constitution... De Gaulle décide de se rendre en Algérie... et à Alger ce sera un triomphe!  (Etions-nous donc si naïfs ?!).





    De Gaulle en Algérie
     

     



    Broadway ? Non ! Alger pour l'arrivée du Général de Gaulle. C'est un triomphe.





     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     




    De Gaulle arrive au G.G.

     







    Première étape, le monument aux morts.

    Il arrive dans la même Hotchkiss que 15 ans plus tôt. A 19 heures, il se dirige vers le balcon, avec à sa gauche Jacques Soustelle.
    Et, c'est là qu'il lance le fameux : « Je vous ai compris » en écartant ses bras puis qu'il enchaîne son discours :
    «Je sais ce qu'il s'est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, c'est celle de la rénovation et de la fraternité. Je dis la rénovation à tous les égards. Mais, très justement, vous avez voulu que celle-ci commence par le commencement, c'est à dire par nos institutions, et c'est pourquoi me voilà ? Et je dis la fraternité parce que vous offrez ce spectacle magnifique d'hommes qui, d'un bout à l'autre, quelles que soient leurs communautés, communient dans la même ardeur et se tiennent par la main. Eh bien ! De tout cela je prends acte au nom de la France, et je déclare qu'à partir d'aujourd'hui la France considère que dans toute l'Algérie, il n'y a qu'une seule catégorie d'habitants : il n'y a que des Français à part entière, des Français à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.
    Cela signifie qu'il faut ouvrir des voies qui, jusqu'à présent, étaient fermés devant beaucoup.
    Cela signifie qu'il faut donner les moyens de vivre à ceux qui ne les avaient pas.
    Cela signifie qu'il faut reconnaître la dignité de ceux à qui on a contestait.
    Cela veut dire qu'il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient douter d'en avoir une... 
    L'armée, l'armée française, cohérente, ardente, disciplinée, sous les ordres de ses chefs, l'armée éprouvée en tant de circonstances et qui n'en a pas moins accompli ici une œuvre magnifique de compréhension et de pacification, l'armée française a été sur cette terre le ferment, le témoin, et elle est le garant du mouvement qui s'y est développé.
    Elle a su endiguer le torrent pour en capter l'énergie. Je lui rends hommage. Je lui exprime ma confiance. Je compte sur elle pour aujourd'hui et pour demain.
    Français à part entière, dans un seul et même collège, nous allons le montrer, pas plus tard que dans trois mois, dans l'occasion solennelle où tous les Français, y compris les dix millions de Français d'Algérie, auront à décider de leur propre destin.
    Pour ces dix millions de Français, leurs suffrages compteront autant que les suffrages de tous les autres.
    Ils auront à désigner, à élire, je le répète, en un seul collège, leurs représentants pour les Pouvoirs publics, comme le feront tous les autres Français. Avec ces représentants élus, nous verrons comment faire le reste. 
    Ah ! Puissent-ils participer en masse à cette immense démonstration, tous ceux de vos villes, de vos douars, de vos plaines, de vos djebels ! Puissent-ils même y participer ceux qui, par désespoir, ont cru devoir mener sur ce sol un combat dont je reconnais, moi, qu'il est courageux – car le courage ne manque pas sur la terre d'Algérie – qu'il est courageux, mais qu'il n'en est pas moins cruel et fratricide. 
    Moi, de Gaulle, à ceux-là j'ouvre les portes de la réconciliation. Jamais plus qu'ici et jamais plus que ce soir, je n'ai compris combien c'est beau, combien c'est grand, combien c'est généreux la France. 
    Vive la République ! Vive la France ! »


    L'armée et la foule face au balcon, face à de Gaulle.


    Après Alger, ce sera Oran, Mostaganem, Constantine, Bône...
    C'est à Mostaganem qu'il dira pour la première et dernière fois «Vive l'Algérie Française ! »
     
    Les hommes d'Alger sont désorientés. Paris veut faire sa politique sans Alger. Soustelle dira plus tard en 1962 : « Les artisans des révolutions en sont rarement les bénéficiaires », il avait bien raison.
    Le 9 juin, Salan a été nommé délégué général du gouvernement en Algérie et Serge Baret secrétaire général de la délégation.

    L'offensive va venir du Comité de Salut public d'Alger qui vote le 10 juin une motion s'élevant contre la loi-cadre, et exigeant la suppression des partis politiques. Salan qui a transmis cette motion, recevra le télégramme suivant : « Au sujet de l'incident fâcheux et intempestif causé par la motion péremptoire du Comité de Salut public d'Alger, je vous rappelle que ce Comité n'a d'autre droit et d'autre rôle que d'exprimer sous votre contrôle l'opinion de ses membres. L'autorité régulière, et d'abord vous-même ne sauriez prendre parti au sujet de ce que ce Comité ou toute autre organisation politique peut exprimer ou demander ...»

    Le 16 juin, Massu sera nommé préfet d'Alger. Les promotions et décorations suivront de quelques semaines...

    Le 7 Juillet, Soustelle entrera au gouvernement comme ministre de l'Information.


    Salan, Max Lejeune et de Gaulle

     

    Le 18 Juin à Alger sera l'occasion d'une grande fête.

     La force de l'armée

     

    Le 15 septembre le F.L.N. va répondre. Le Gouvernement provisoire de la République algérienne est constitué, le G.P.R.A. 

    Le 4 septembre 1958, à Paris, place de la République, présentation de la nouvelle constitution aux Français.

    Ainsi moins de quatre mois après le coup d'Alger, les jeux sont faits... Après un exposé historique sur la naissance de la III ° République, le Général de Gaulle en vient donc à la nouvelle constitution, celle de la V°, celle qui est encore en place depuis 1958... un peu grâce à nous et notre coup d'Alger qui a porté au pouvoir ce général félon qui nous a trahis.

    La suite de cette triste histoire, la voilà, en résumé chronologique, comme au début de mon exposé :

    - Le 15 septembre 1958, attentat heureusement manqué contre Jacques Soustelle, place de l’Étoile
    - Le F.L.N. va répondre. Le 15 septembre, est constitué le Gouvernement provisoire de la République algérienne, le G.P.R.A., présidé par Ferhat Abbas.
    - Référendum sur la Constitution, adoptée par 79,25 % de oui, contre 20,75 % de non. En Algérie, approuvée par 96,5 % de oui.
    - Le 14 octobre : les militaires quittent les C.S.P.
    - Le 23 octobre : Appel de de Gaulle au cessez le feu en Algérie. C'est la paix des braves.
    - Le 30 novembre, triomphe de l'U.N.R. aux élections législatives.
    - Du 3 au 7 décembre, voyage de de Gaulle en Algérie.
    - Le 12 décembre, le général Salan est nommé Inspecteur général de la défense nationale, Delouvrier délégué général en Algérie, et le général Challe commandant en chef.
    - Le 21 décembre, le général de Gaulle est élu Président de la République.

      1959                                                    

    - Le 8 janvier 1959, René Coty remet la charge de l’Elysée au premier Président de la Cinquième République. Michel Debré devient Premier ministre.
    - Le 16 septembre : déclaration radio-télévisée du général de Gaulle : sur l'autodétermination et le triple choix offert, la sécession, la francisation ou la fédération.
    - En octobre, préparation d'un putsch à Paris mais au dernier moment les conjurés apprennent que l'armée ne les suit pas.

      1960                                                    

    - Le 19 janvier 1960, le général Massu est convoqué à Paris. Motif, son interview qu'il a accordée à un journaliste allemand, où il s'oppose à la politique du général de Gaulle.
    - Le 24 Janvier débute la semaine des barricades derrière lesquelles se sont regroupés les partisans de l'Algérie Française avec à leur tête Lagaillarde et Ortiz. Ils se rendront le 1er Février.


    Les barricades rue Michelet, une toute autre histoire à venir... 

    - Le 3 novembre s'ouvre le procès des barricades.
    - Le 4 novembre, allocution télévisée du général de Gaulle sur l'Algérie algérienne et la République algérienne.
    - Du 9 au 13 décembre, voyage du général de Gaulle en Algérie.

      1961                                                    

    - Le 2 janvier 1961, rencontre entre Pierre Poujade et Salan à Madrid.
    - Le 25 janvier, le général Challe demande sa mise à la retraite.
    - Le Colonel Trinquier, demande sa mise à la retraite.
    - Le 31 mars, assassinat de M. Blanc, maire d'Evian.
    - Le 22 avril, Putsch militaire à Alger.
    - Le 25 avril, fin du Putsch.
    - Le 26 avril, Challe est mis en prison.
    - Le 20 mai, ouverture des pourparlers franco-algériens à Evian.
    - Le 11 juillet, condamnation à mort par contumace de Salan, Jouhaud, Gardy, Argoud, Broizat, Garde, Godard, Lacheroy.

       1962                                                    

    - Les 23 et 24 janvier 1962, attentats au plastic à Paris.
    - Le 8 février, manifestation anti-O.A.S. Place de la Bastille.
    - Le 11 février, début des pourparlers secrets franco-algériens.
    - Le 19 mars, à midi, cessez-le-feu en Algérie.
    - Le 23 mars, offensive de l'O.A.S. à Bab-El-Oued. Arrestation du général Jouhaud à Oran.
    - Le 26 mars, fusillade de la rue d'Isly. 40 morts, 130 blessés.
    - Le 8 avril, Référendum sur l'Algérie. Les accords d'Evian sont approuvés.
    - Le 14 avril, démission de Debré, remplacé par Pompidou.
    - Le 20 avril, arrestation du général Salan à Alger.
    - Le 9 juin, le colonel Argoud annonce la création d'un Comité exécutif dirigé par MM. Bidault et Soustelle.
    - Le 1er juillet, référendum en Algérie.
    - Le 3 juillet, le général de Gaulle reconnaît l'indépendance de l'Algérie.
    - Le 5 juillet, on se souviendra des tueries dans les rues d’Oran.

    Texte inspiré de trois numéros d’Historia et du livre « Le 13 mai 1958 » Collection J’ai vu. 1970.
    Photos extraites du même livre.