• Les indissociables

    Abd-el Kader, carte de l'Algérie avant Bugeaud et Bugeaud

     

    LES INDISSOCIABLES DE L'ALGERIE

    L'émir Abd-el-Kader et le maréchal Bugeaud.

    (Pour les gens pressés)

     

        Cinq  juillet 1830, les armées françaises obtiennent la reddition du dey Hussein et de son régime. La ville d'Alger est prise pour 132 ans. L'occupation se poursuit par celles de Bougie, Mers-el-Kébir, Mostaganem, Oran etc... Les Français remplacent les Turcs, qui eux-mêmes avaient conquis le pays aux Arabes, qui eux l'avaient conquis aux dépens des Byzantins, qui  l'avaient conquis aux dépens des Vandales. Avant eux il y avait eu les Romains qui avaient délogés les Carthaginois etc...

          Louis-Philippe, roi des Français, prit le relais de Charles X. Ce 22 novembre 1832, grande agitation autour de Mascara dans la plaine d'Eghnis.
    Le marabout Mahi-ed-Din, descendant d'une famille Arabe de Médine, la ville sainte où est mort le prophète, prêche la guerre sainte contre les Roumi Français.
    Les tribus cherchaient un chef, mais le marabout, de la tribu des Hachem, était vieux, il proposa son jeune fils, Abd-el-Kader seulement âgé de 24 ans.
    Celui-ci était un homme d'action, philosophe, poète, autoritaire et courtois, guerrier émérite, docteur de la loi, imprévu, insaisissable.
    Reconnu comme émir par les tribus, il proclame le djihad, la guerre sainte.

    Abd-El-Kader 
    Abd el-Kader ben Muhieddine ( plus connu comme l'émir Abd-el-kader),
    né le 6 septembre 1808 près de Mascara (Algérie) et mort le 26 mai 1883 à Damas (Syrie)

         Devenu puissant grâce à la mansuétude des gouvernants français à Alger comme à Paris, pendant deux ans il bâtissait son gouvernement, se constituait un trésor et une armée. On espérait  partager l'Algérie avec lui, mais il devint un adversaire redoutable. Il faudra 12 ans pour en venir à bout. C'est le général Desmichels, qui noua alliance avec lui en 1834. Il lui reconnut le titre de bey et lui céda tout le pays de l'ouest, sauf Oran et Mostaganem. Abd-El-Kader établit sa capitale à Mascara.
    Faisant croire qu'il avait pacifié l'ouest pour notre compte, il dira au général Voirol, gouverneur général, qu'il entendait pacifier l'est. Voirol refusa, Abd-el-Kader marcha alors sur la plaine d'Alger, la Mitidja.

         Trézel successeur de Desmichels accepta la lutte. Ce fut le désastre de la Macta où il laissa 263 morts et 308 blessés qui furent tous massacrés, leurs têtes servant d'hideux trophées. Suite à cette cuisante défaite Voirol fut remplacé par Clauzel avec ordre de venger cette défaite. Le duc d'Orléans, fils aîné du roi l'accompagna.
    La capitale Mascara fut enlévée puis abandonnée de suite. A l'autre extrémité de l'Algérie on échouait à la première prise de Constantine.
    Il fallait faire la paix avec Abd-el-Kader alors la France envoya pour cela un général, député depuis 7 ans, Thomas Bugeaud.
    Lui qui n'avait eu de cesse de demander la fin de l'occupation, se prit au jeu et à la vérité, trouveras à Oran, son chemin de Damas. Complètement converti par la réalité il se fit le champion de la conquête intégrale. Il fut le plus illustre des artisans de cette conquête.

    Maréchal Bugeaud
    Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie, duc d'Isly, maréchal de France, 
    né à Limoges le 15 octobre 1784, mort à Paris le 10 juin 1849.

     

    Bugeaud c'est celui qui va nous donner l'Algérie ! Thomas Bugeaud est né en 1784, devint caporal à 20 ans, colonel à 27 et termina Maréchal.
    Enfance de paysan il est engagé le 29 juin 1804 dans les grenadiers de la garde impériale. Peu d’instruction, de mœurs austères et de sentiments religieux, il n'aime pas le milieu militaire. Il est rebuté par la paillardise.
    Caporal après Austerlitz, sous-lieutenant après Iéna, il veut démissionner dès 1806 pour revenir cultiver sa terre du Périgord.
    De 1808 à 1814, il participe à la guerre d'Espagne. En 1814, sous Louis XVIII, lors de la Première Restauration, il est mis à la demi-solde, tout en gardant son grade. Installé dans son petit domaine de la Durantie, il redevient agriculteur passionné. D'une intelligence vive, il est un agriculteur remarquable, labourant, semant, fauchant, battant lui-même son grain.
    La  chute de la Restauration, le ramène au grade de Général de Brigade, mais la Dordogne l'envoie siéger au Palais-Bourbon. Il sait parler, il aime parler, il refait son instruction qu'il avait négligée.
    Tout chez cet homme aux grands yeux gris, au regard droit et perspicace exprime force et droiture. Avec ses épaules carrées, un front largement dégarni entre des cheveux gris drus et rudes, et une figure pleine, hâlée par le grand air, il iradie d'une telle expression de loyauté puissante dans la force, d'un tel rayonnement de santé physique et morale, que cette physionomie attire la popularité.
    La physionomie ne ment pas. Il se prononce très fortement contre la guerre d'Afrique. De Paris, il ne comprend pas (cette incompréhension se renouvellera à notre époque 1954-62). Dès 1830 il traite cette guerre "d'aventure à ne pas poursuivre". Il désire que l'on s'entende avec Abd-el-Kader...
         Alors le ministère a une inspiration de génie : si l'on envoyait ce général-député insupportable en Afrique, appliquer ses idées. On pense le nommer tout de suite Gouverneur Général. Mais il sera seulement nommé au gouvernement de l'Oranais et... qu'il essaye son système!
    Pour commencer, il veut tester l'adversaire le 6 juillet entre Oran et Tlemcen, sur les bords de la Tafna. Pour Abd-el-Kader c'est une déroute complète. Bugeaud reçoit sa troisième étoile comme récompense. Il offre la paix à l’Émir qui l'accepte. Abd-el-Kader est nommé souverain indépendant de toute l'Oranie et obtient le port de Cherchell.
    Si, après cela, pense Bugeaud, ce fameux Émir ne respecte pas la paix, "eh bien... on en découdra, et à fond!"
    Une rencontre a lieu entre les deux hommes, résultat : il faut assurer la conquête du pays, car pendant ce temps l’Émir se préparait à la guerre.
    Le nouveau gouverneur général s’empare de Constantine, le duc d'Orléans ayant franchi les Portes de Fer.

    Le 18 novembre 1839, les harkas d'Abd-el-Kader se déchaînèrent dans la Mitidja, incendiant les fermes et massacrant les colons. Le 20 novembre un détachement français fut massacré. 108 têtes coupées étaient portées en triomphe à Miliana.
    Nos troupes équipées comme pour l'Europe, succombaient sous le poids d'un uniforme trop chaud et d'un sac trop chargé. Bugeaud les dépouilla pour en faire une force légère. La ligne allégée, voici de nouveaux corps : chasseurs à pied, zouaves et tirailleurs, en partie composés d'indigènes. Voilà aussi la cavalerie, les spahis, les goums. La vraie Armée d'Afrique était enfin constituée avec des chefs tels que Lamoricière, Changarnier, Cavaignac, Canrobert.
    On allait voir durant sept ans sur son grand cheval, cette forte charpente d'homme, le corps droit et vigoureux, drapé dans sa houppelande de toile blanche, et sous le képi invraisemblablement haut, cette figure à la fois réfléchie et ardente et au milieu de ce teint bronzé par le soleil d'Afrique, les yeux perçants et redoutables qui faisaient trembler.

    la casquette de Bugeaud 

     

     

     

    Puis il y eut sa légende, sa chanson, depuis cette nuit où, brusquement alerté, le général était sorti de sa tente et était monté à cheval avec son bonnet de coton qu'il avait oublié de retirer.
    Le lendemain toute l'armée d'Afrique chantait : "As-tu vu, as-tu vu la casquette la casquette, as-tu vu la casquette au père Bugeaud ?"

                                             

     

        

    De son côté l’Émir est réduit à courir à droite, à gauche, chercher de nouveaux appuis, car beaucoup de tribus l'abandonnent. L’émir est privé de capitale, mais il promène une capitale mobile, sa smalah, où sont réunis sa famille, son état-major, ses trésors, ses ministres et tous ses biens.

        C'est un jeune prince de 23 ans, le duc d'Aumale, fils du Roi Louis-Philippe 1er, qui le 18 mai 1843, avec 1300 fantassins et 600 chevaux va prendre la smalah. Face à lui, 6000 soldats arabes. Il sera nommé Général. 
    Le général Bugeaud reçu le bâton de Maréchal de France. L’Émir quant à lui, refoulé dans le désert se réfugie au Maroc.

     

    Prise de la smalah d'Abd-El-Kader par Horace Vernet
    Prise de la smalah d'Abd-El-Kader à Taguin le 16 mai 1843, par le peintre Horace Vernet


    Le duc d'Aumale attaque la Smalah à Taguin le 16 mai 1843 Edouard Detaille 1886      Duc d'Aumale (dessin noir et blanc)  

    Le duc d'Aumale attaque la Smalah à Taguin le 16 mai 1843,
    par le peintre Edouard Detaille (1886)
    Duc d'Aumale
    Henri Eugène Philippe Louis d'Orléans (Henri d’Orléans)

    né à Paris le 16 janvier 1822, mort à Giardinello (Sicile) le 7 mai 1897

     

         De son côté le père Bugeaud se trouve sur l'Isly, il n'a que 6500 hommes sous la main, face à lui l'armée marocaine forte de 70000 hommes.
    Il prépare son attaque, à droite Lamoricière, à gauche Bedeau, au centre Pélissier, comme une hure de sanglier, le maréchal Bugeaud sera entre les deux oreilles. Youssouf et sa cavalerie aussi sont là. Dès 6 heures du matin, ce 14 août 1844, on fonce, appuyé par l'artillerie. Il suffira de 2 heures pour mettre en déroute l'armée ennemie. 1500 hommes seront faits prisonniers.

    Tableau de la Bataille d'Isly
    La bataille de l'Isly le 14 août 1844, par le peintre Horace Vernet

    Le maréchal sera nommé duc d'Isly. On avait achevé de gagner l'Algérie à Isly, cela suffisait.
    Bugeaud voulait maintenant soumettre les kabyles, il demanda des nouvelles forces. On les lui refusa, il offrit sa démission, on l'accepta. C'est le duc d'Aumale qui fut nommé Gouverneur Général à sa place.
    Le 23 décembre 1847, Abd-el-Kader se rendit au duc d'Aumale puis se retira en Syrie.

    (Texte inspiré de celui de Louis Madelin dans Historia)

     

    Carte d'Algérie période avant Bugeaud

    Carte de l'Algérie à l'époque de Bugeaud

     

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