• Le petit carnet bordeaux

    LE PETIT CARNET BORDEAUX

     


    J'ai consacré une grande partie de mon temps dans les années 1948-1958, au cyclisme. J'avais réuni à l'époque une sacré collection de revues sur ce sport que j'ai effectivement pratiqué en amateur, le temps de trois petits tours et puis s'en va. Comme vous avez pu le lire dans ma rubrique « le cyclisme », ma carrière n'a pas duré longtemps, mais j'ai toujours aimé ce magnifique sport. Je continue toujours de suivre les exploits de nos coursiers, mais je dois avouer que depuis quelques années j'ai un peu levé le pied, le dopage y est certainement pour beaucoup.
    Je fus longtemps en possession d'une collection de photos dédicacées par les plus grands coureurs de l’époque. Et puis un jour j'ai décidé de m'en débarrasser. Et ainsi ma belle collection de 350 photos des années 1950-1958, est partie. En une seule fois, achetée par un marchand spécialiste du sport dans la région parisienne. Je le revois encore, tremblant d'excitation à la découverte de ce lot sur mon stand, conscient d'avoir déniché là un petit trésor, qu'il a d'ailleurs payé au prix fort. Pour les spécialistes, j'avais dans ce lot des pièces exceptionnelles signées par Koblet, Kubler, Anquetil, Rivière, Dolhats, Bahamontés, Darrigade, Stablinski, Louison et Jean Bobet, Lorono, Delleda, Gauthier, Hassenforder, Zelasco, Forestier, Scodeller, Varnajo, Bouvet, Lambrecht, Siguenza, Barone, etc. ...etc..., la liste serait trop longue à énumérer, 350 photos...
    A échappé au massacre, mon petit carnet que j'avais oublié sur mon bureau ce jour-là en 1998. Réfugié au fond d'un tiroir, je viens de le redécouvrir. Il est tout petit 8 cm x 12,5 cm. Je l'avais toujours dans mes déplacements, lors des Grands Prix de l’Écho d'Alger entre autres. J'écumais les hôtels abritant tous les coureurs. J'ai eu aussi la possibilité d'en intercepter quelques-uns à l'aéroport de Maison-Blanche.
    Pour en revenir à mon petit carnet, quand on l'ouvre, apparaît à gauche, cachée par un petit onglet, une carte de visite à mon nom sur laquelle on peut voir une partie de signature. Mais de qui donc? Si je vous dit qu'elle appartient à l'une des figures emblématiques de l'histoire du jazz; que pour beaucoup de musiciens il est le meilleur... Cela ne vous évoque rien? Et si je rajoute qu'il était américain de naissance, né à la Nouvelle-Orléans, et que son fils Daniel a fait également une petite carrière... Vous ne voyez toujours pas? Et si je vous donne comme ultime indice qu'il était un saxophoniste, clarinetiste et compositeur de génie... Ça y est, je vous vois réagir, bien sûr, c'est lui, vous ne connaissez que lui ! Combien de fois n'avons-nous pas dansé sur ces succès, ("Petite fleur", "Dans les rues d'Antibes" ou bien encore "Si tu vois ma mère") ? Sidney Bechet (1897-1959), puisqu'il s'agit bien de lui, avait ce jour là du mal à écrire, je ne sais pas pourquoi.  

     

    Voyez bien sa signature tracée d'une écriture hésitante, tremblante. Un sacré souvenir, que je ne peux oublier. Une autographe rare et de plus apposée, cela je ne m'en souvenais plus, sur ma carte de visite du 60 rue du Cardinal Verdier avec en bas mon phone 270-21 !

     

    Une statue hommage se trouve à Juan-les-Pins.


     

    A la dernière page de ce petit calepin, une autre signature qui nous est chère. Celle-ci, je l'ai eu à Maison-Blanche. C'est celle de notre grand Pierre-Jean Vaillard (1918-1988), qui fut à l'origine de la fondation du théâtre des Trois Baudets à Alger, avant de devenir par la suite la grande vedette des Deux-Anes à Paris. Un petit rappel à ce niveau de mon billet, simplement pour vous dire que Pierre-Jean Vaillard était venu faire un petit numéro, chez moi dans mon salon à l'occasion de ma Communion en 1949. Un grand souvenir! Je vous en parlerais dans ma saga « Que sont mes platanes devenus » très bientôt.


    Il me faut maintenant revenir au contenu de ce petit carnet bordeaux. On y trouve les signatures de : Stanislas Bober, Germain Derryck, Jésus Lorono, Adolphe Delleda, Lucien Teisseire, Bernard Gauthier, Roger Hassenforder, Marcel Zelasco, Francis Siguenza, André Darrigade, Jean Forestier, Louison Bobet, Bruno Bennuzi, Jacques Anquetil, Alfred Tonello, Nicolas Barone, Roger Chupin, Guido Messina, Antonin Rolland, Jean Stablinski, Gilbert Scodeller, Federico Bahamontés, Robert Varnajo, Nello Lauredi, André Mahé, Jean Bobet, Jean-Marie Cieleska, Seamus Elliot, Albert Bouvet, Roger Privat, Agostino Coletto, Pierre Michel, Raoul Rémy, Jacques Dupont, etc...
    Sur des petites feuilles volantes, j'ai collecté également des signatures de Catcheurs : Jacky Corn, Modesto Aledo, Israel, Blasco etc...

    Zelasco-Bahamontès 
    Lorono 
    Hassenforder-Bober 

     

    Coleto-Seamus Elliot
    Bruno Benuzzi
    Tonello-?-Barone-Chupin
    Darrigade-Forestier 

    Siguenza-?-Teisseire-Cieleska-Bouvet
    Cieleska-Desbats
    Barone-Forestier-Rolland
     

    Louis Bobet
    ?-L.Fornara-Muller-Léocat-Michel
    ?-?-Stablinski-Scodeller-Michel



    Messina-?-Privat
    Anquetil-Siguenza
    ?-? 
     

    Mahé-Varnajo-Lauredi
    Bobet-?-Stablinski-Delleda
    Deryck-Lambrecht-?
     

    CATCH
    Jacky Corn-Modesto Aledo-?
    ?-?
     

    CATCH

    Israël-Jones-Blasco-Van...-Jones 

     

    Encore quelques mots sur le cyclisme, lors d'une mutation de deux ans à Melun de 1970 à 1972, j'ai fait la connaissance d'un commerçant en électroménagers et cycles (la devanture et les camions de livraisons étaient Jaunes). Il était installé, Place Saint-Jean. Sa taille et le fait qu'il porta le maillot jaune sur le Tour de France pendant 6 jours en 1949, avait fait qu'il fut surnommé par Jacques Goddet « La Perruche ». De qui s'agit-il à votre avis ? Eh bien oui, c'est lui, c'est Jacques Marinelli, né en 1925. Il fut Maire de la ville en 1989.

    Autre rencontre, à Melun, celle exceptionnelle du grand Jacquot, Jacques Anquetil, lors d'une séance de dédicaces, sur un de mes rayons (à l'époque j'étais chef de rayons), le camping. Le seul souvenir photographique, qu'il me reste au cours d'une vie chargée de rencontres diverses, est cette photo, que je vous propose ci-dessous. Jacques Anquetil (1934-87), dédicaçant ses photos que je tiens à la main. Près de moi, un animateur (Tour de France, Podium Europe 1, etc...) bien connu à l'époque Jean Donguès.


     

    Tant que j'y suis, dans ce genre de rencontre. Une petite anecdote, employé en 1968-69, dans un bureau d'animation et promotion, pour les grands magasins du Printemps à Paris, nous avions envoyé une vedette de l'époque, faire une animation et une séance de signatures dans un de nos magasins de Bourges, les Établissements Aubrun, il s'agissait de l'animatrice qui travaillait avec Guy Lux et Léon Zitrone sur Intervilles et Jeux sans Frontières, Simone Garnier (1931). Manque de pot, elle était partie, sans son petit paquet de photographies. J'ai dû en catastrophe, prend le train à Saint-Lazare et un taxi, de toute urgence, afin de rejoindre le Printemps de Bourges, ou je suis arrivé, dix minutes avant la séance. J'ai eu ce jour, ses remerciements chaleureux et une belle paire de bisous bien appuyés de sa part.

    Enfin pour terminer, dans la série anecdote sur le cyclisme, une rencontre assez extraordinaire avec Roger Hassenforder et quelques autres coursiers. Je les avais cueillis dans le quartier d'Isly, à la sortie de leur Hôtel, tout près de la rue du Coq. Comme à son habitude, Roger faisait le pitre et il me demanda de le guider pour la visite de quelques rues des alentours. Ils avaient peu de temps, le lendemain se courait le Grand Prix de l’Écho d'Alger. Nous étions en Mars, il faisait beau. Quelques mètres lui ont suffi, pour que le naturel revienne au galop, il ne pouvait s'en empêcher, il fallait qu'il fasse le clown. Réclament à boire, je les dirigeais vers un petit troquet de la rue d'Isly dont le nom m'échappe après plus de 55 ans, cette histoire se passant aux environs des années 1954-55-56. Que boire, telle était la question, certes il faisait chaud, mais ce n'était pas encore les grosses chaleurs. Tous ou presque se décidèrent pour un Orangina, un Coca-Cola ou une citronnade, lui était toujours indécis. Il me demanda, s'il n’existait pas une autre boisson locale plus attractive que l'Orangina. Je lui ai alors proposé une anisette, une Cristal de préférence. Le garçon, lui sert le breuvage, en lui précisant qu'il faut y rajouter deux volumes d'eau. Mais la dose infime qu'il lui avait servi, ne lui suffisez pas, il demanda une deuxième dose. Puis tout de go, il se saisit de son mocassin, il y vida son verre, et levant sa chaussure, il trinqua à la course de demain, et il avala d'un trait le contenu. La grimace que j'attendais, ne se fit pas attendre. Mince, je ne croyais pas que cela était si fort. Il se calma un instant, et repris aussitôt ses pitreries. De retour à l'Hôtel, j'ai eu droit à mon lot de photos dédicacées. Je n'oublierai jamais, ce petit moment de détente agréable, par contre je n'ai qu'un vague souvenir des autres acteurs présents, il me semble revoir, Dolhats et ses gros mollets, Darrigade et son accent du sud-ouest, Forestier, très timide et en retrait, Antonin Rolland ; et un dirigeant, c'est sûr. Les autres se sont évanouis dans ma mémoire.


    Ainsi va la vie, rendez-vous plus loin, pour d’autres rencontres, avec des personnalités politiques ou du showbiz (The Platters, Jeanne Manson, France Gall et bien d’autres.

    Post scriptum :


    Lancé le 11 juillet 2012, mon blog a aujourd'hui quelques mois d'existence et déjà s'accumulent les messages … mais celui reçu ce 10 août à 19 heures 49 me posait un problème ardu. Envoyé par Yvan Sellès, un copain de classe de Lelièvre, ce message était plutôt sibyllin... :
    « Que faisais-tu le 02 février 1955 au cinéma Majestic, qui ce soir-là était transformé en salle de spectacle ... »
     Après 57 ans ...dur, dur. Dans ma tête tout ce bouscule : Marino-Marini, Jacques Hélian, Paul Anka, Maurice Chevallier, The Platters, Georges Brassens etc...  
    Après mures réflexions, le lieu, la date … me laissait penser un peu au hasard que ce ne pouvait être que Brassens, mais j'avais un doute.
    L'ours mal léché était à l'époque un de mes préférés.

    Au petit bonheur la chance, comme me l'écrit  Yvan, j'ai tapé dans le mille, c'est bien Brassens.
    Le plus étonnant dans tout cela et preuve irréfutable, Yvan avait en mains deux petites feuilles perforées de mon petit carnet bordeaux. Ces feuilles que je lui avais données à l'époque lui avait permis de récolter dans les coulisses, la signature de son idole et celles de quelques autres artistes de la soirée.
    Extraordinaire, ces 2 petites feuilles (recto verso) ne l'ont jamais quitté... 57 ans plus tard.

     


    Brassens sur scène dans les années 60