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Le barnum
RENCONTRES, HISTOIRES ET RETROUVAILLES INSOLITES
"LE BARNUM"
Tout ce que je vais vous raconter est vrai, rien n'est romancé. La vérité si je mens !
LE BARNUM
Nous sommes en 1987, j'ai décidé de changer de métier, j'ai besoin de liberté, le temps passe vite, j'aurais bientôt 49 ans, il est temps.
Je quitte mon employeur pour me lancer à mon compte dans ce qui est, depuis fort longtemps déjà ma passion, "la brocante"...
Inscrit comme « Non sédentaire », c'est à dire ambulant, je me dois d'acquérir rapidement un petit véhicule. Je décide donc de me payer une petite camionnette Toyota "Lite-Ace" (bien vite je m'apercevrais que cela ne suffit pas et j’opterais pour un autre véhicule, un "Ford Transit " cette fois, neuf et surtout bien plus grand et donc plus apte à contenir quelques meubles en complément de ma marchandise de prédilection, c'est à dire objet et outils issus de l'art populaire, un art que j'affectionne tout particulièrement).
En plus d'un véhicule il me faut m'équiper en matériels de présentation et de protection, indispensables pour déballer sur les "Foires et Salons" de rues, les Salons couverts n'étant pas assez nombreux pour pouvoir en vivre. Là mon choix s'oriente très vite vers un barnum plutôt qu'un parapluie bien trop léger.
Je me mets donc en quête et ma toute première recherche s'éffectue sur un journal local de petites annonces gratuites.Et là, bingo ! La toute première annonce que je vois est inespérée : un Barnum est mis en vente dans mon quartier à Meudon-la-Fôret, à moins de 200 mètres de chez moi ! J'appelle et le RDV est pris pour la fin de cet après-midi même.
Et ce soir là Marie, qui s'est joint à moi, va assister éberluée à une rencontre que seul un destin malicieux pouvait mettre sur la route...
Dès la porte de notre vendeur potentiel franchie, l'accueil s'avère très agréable. On nous fait asseoir, le vendeur n'est pas encore r entré et ce sont ses parents qui nous reçoivent.
La discution démarre, il est question d'un Barnum de 2 mètres sur 4, juste ce qu'il me faut ! La chance me poursuit. J'apprends qu'il servait au fiston qui faisait les marchés alimentaires de la région. Puis le fameux fiston arrive enfin, la discussion continue, la vente se fait. J’établis le chèque, je demande une facture et c'est là que l'histoire bizarre commence réellement. Je décline mon nom et mon adresse, je vois alors le visage du père se figer et son regard se fixer sur moi longuement. Manifestement, il cherche, il touille dans sa mémoire, un doute, un souvenir peut-être. Tout d'un coup, il relève la tête, cesse d'écrire et triomphant me dit :
- Et oui c'est cela ! Vous êtes d'Alger comme moi ! »
Qu'il soit d'Alger, ça, je m'en étais aperçu depuis le début ! Même si l'accent s'était un peu dissipé, il restait de belles intonations bien de chez nous!
- Ben oui, et même de Bab-El-Oued ! Répondis-je.
- Vous êtes donc... attendez ne dites rien... Vous êtes le fils de Monsieur Paul ! C'est ça ?
- Ben oui... Dis-je surpris.
- Vous le connaissez ? (Et là, l'accent reprend le dessus... (Non seulement l'accent, mais surtout le tutoiement, de rigueur dans un autre temps, refait surface)
- Tu parles, si je le connais ! Ton papa était un de mes meilleurs clients. Il achetait ses peausseries chez moi !!!
(Là, il faut que je vous rappelle que papa était fabricant de chaussures, 15 rue Fourchault à Bab-El-Oued, les chaussures PAM)
- Çà alors! Quelle coïncidence !
L'histoire se termine ainsi. Comme le dit le dicton : "Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas"Et oui le destin est bien facétieux parfois. Après tout ce parcours quelque peu chaotique, qui m'aura vu passer de Paris (qui m'a pris dans ses bras en 1962, rue Ordener d'abord, puis avenue Emile Zola) à Drancy (durant 5 ans) puis du 9-3 (qui a vu la naissance de mon fils en 1966) à Melun (qui m'a permis de me construire une carrière de cadre dans la grande distribution, chef de rayons entre 1970 et 1972), puis finalement dans le 9-2 à Meudon-la-Fôret (où j'ai continué ma carrière commerçante en tant que chef des services généraux) c'est ce moment, en cette année 1987 où je tente une nouvelle aventure, que le destin choisit pour me jouer un tour dont lui seul a le secret. Il fallait que ce soit là, dans cette banlieue perdue, dans un de ces HLM construits par l'architecte Pouillon (celui-la même qui a créé Diar-es-Saâda et Diar-el Mahçoul !) avec les pierres de Rognes (le saviez-vous?), que se soit là disais-je, que je tombe sur un Pieds-Noirs... de Bab-El-Oued... et de surcroit... copain avec mon père !
Il fallait le faire !Je me rends compte, une fois de plus, de l'influence qu'avait mon père sur son entourage. C'était Monsieur Paul et non pas Monsieur Chouquet ! Je ne l'ai pas fait figurer dans l'entretien mais dès que ce Monsieur Nataf s'est aperçu de mes origines, il m'a demandé s'il pouvait le revoir... Hélas papa était décédé depuis 1984.
Ainsi va la vie. Ainsi va le destin avec son wagon de petites histoires surprenantes, insolites et drôles...