• - Insomnie

    vue de nuit sur la baie d'Alger

    *

     

    "INSOMNIE"
    Texte de Nicole Marchand

     

    Cette nuit... l'orage m'a réveillé...
    Je tourne et vire dans mon lit... allons, essaie de te rendormir !...
    Me suis-je assoupi ? Est-ce moi qui gravi précipitamment les marches de l'escalier ?... Je reconnais les lieux… chez moi ! Non ce n 'est qu'un rêve mais je ne veux surtout pas qu'il s'arrête ! L'ascenseur enfermé dans sa cage de fer forgé... monte et me suit étage par étage, le moteur crachote. Il est ancien mais comme nous il résiste à l'inévitable fin... le claquement de sa porte résonne à mes oreilles, le son est toujours le même.
    Me voilà devant la porte de chez nous... je refais le même geste mais à l'envers... j'introduis la clef doucement… la porte s'ouvre... tout est là comme avant... intact !
    Je sais au fond de moi que je rêve, dans mon désir de tout retrouver... ma chambre, mes jeux... monopoly... mécano... baby-foot... billard... mes livres... mon bureau. Tout ce qui me rattache à mon enfance et adolescence se trouve entre ces quatre murs... où je rêvais d'accomplir de grandes choses...
    Soudain je me retourne... mon père !... Lui qui m 'a aidé à devenir un homme, est là... il me souri ! Jeune encore... ses cheveux sont déjà blancs... Maman aussi est là...volubile comme à son habitude ! 20 ans nous sépare !... Mais c'est à mon père que je ressemble...
    Puis voilà mon grand-père, grand malgré son âge ! Il entoure de ses bras ma petite grand-mère... puis mon chien... Boule de neige me fait des fêtes, heureux de me retrouver...
    Oui, oui je sais, rien n'est réel, ils sont tous là-bas sous la terre d'où leurs ancêtres sont venus il y a bien longtemps, qu'ils ont rejoint malgré leur volonté... souhaitant que ce soit la terre d 'Algérie qui blanchissent leurs os... mais ce fut impossible... partir... partir... il fallait partir !... quel déchirement...
    Soudain la fenêtre s'ouvre, le soleil inonde la chambre !... La mer au loin d'un magnifique bleu m'apporte son odeur incomparable, sa brise chaude me caresse la peau...
    L'avenue descend jusqu'au littoral... les arbres feuillus longent les trottoirs, le marbrier sur le pas de son atelier regarde les enfants qui jouent avec des carrioles fabriquées de bric et de broc avec du bois et des clous pris à leurs pères. Descendants l'avenue à toute vitesse risquant de rentrer dans les voitures... ils remontent à pieds leurs engins jusqu'au fabricant de "caca de cheval", pâte plus que sucrée, qu'ils adorent... mais évitent d'aller plus loin… car les pompes funèbres sont en haut de la rue... le courage se termine là !
    Puis là-bas hors de mon rêve, le jour commence à naître... il faut repartir !... Je laisse tout en état, car je sais qu'une autre nuit m'amènera dans ce doux univers dont je ne peux me détacher, qui jusqu'à la fin de ma vie sera éternellement dans ma tête et mon cœur...
    Je referme la porte, descend le plus lentement possible les escaliers, regardant la triste réalité de cet abandon rejeté au plus profond de mon âme!...

    A bientôt dans ma prochaine nuit d'insomnie. 

    Texte de Nicole Marchand

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  • Commentaires

    1
    Riri du 60
    Dimanche 17 Novembre 2013 à 16:40

    Salut Alain . Quel beau texte, ce rêve je j'ai fait mainte fois et même quelqe fois je descend notre rue que je n'oublirais jamais.


    Cette dame  Nicole Marchand es-ce la fille du couple qui habitait à la terrase?

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