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Aux urgences de Rambouillet
RENCONTRES, HISTOIRES ET RETROUVAILLES INSOLITES
"AUX URGENCES DE RAMBOUILLET "Tout ce que je vais vous raconter est vrai, rien n'est romancé. La vérité si je mens !
J’avais prévu de commencer cette nouvelle rubrique par une histoire de "barnum", mais l’actualité récente
me pousse à vous raconter ma dernière rencontre "insolite"... Insolite, c’est le moins qu’on puisse dire !AUX URGENCES DE RAMBOUILLET
Comme certains ont pu sans rendre compte, je fus hospitalisé en urgence le 12 septembre 2012. Hospitalisation d'abord prévue à l'hôpital de Chartres mais au dernier moment après quelques conseils avisés, j'opte finalement pour les urgences de Rambouillet... Mektoub.
Douze jours de souffrances et de soins intensifs. Pendant ce séjour j'ai eu droit à trois voisins de chambrée. Pour les deux premiers, rien à dire. Pour le troisième cela se gâte dès son arrivée à cinq heures du matin. Bruyant, amical avec les infirmières qu'il semble bien connaître, il se révèle de suite être un voisin plutôt désagréable. Il est vrai que j'étais dans un triste état, et qu’un réveil en fanfare si tôt, me le fait détester aussitôt.
Le moyen pour les infirmières, de se rendre compte de l'état mental du patient est de lui poser des questions simples, nom, prénom, date de naissance. Et voilà qu'il tonitrue son nom et son prénom à la manière d'un Gérard Depardieu en pleine euphorie. Je retiens son prénom Pierre quant à son nom il m'échappe totalement. Après prise de tension et prise de température, le calme revient dans la chambre. Mais le repos est de courte durée, cinq heures quarante-cinq, réveil prise de tension et de température pour moi, premier soins de la journée, changement de poche de sérum physiologique et autres antibiotiques (je ne vous parle pas de mon bras droit, une véritable passoire !).
Puis le calme revient jusqu'au service du petit déjeuner vers sept heures quarante-cinq. Et là, la journée de mon voisin commence ! Deux téléphones en mains, il n'arrête pas de laisser des messages vocaux. Certains répondent et c'est une suite ininterrompue de courtes conversations : - "je suis aux urgences de Rambouillet"... malaise vagal… repas rendus… fatigue…sortie sûrement dans la journée..."
Ce que j'ai oublié de vous dire, c'est que cet extravagant bonhomme est âgé de 80 ans, et qu'il semble malgré tout avoir une sacré pêche. La journée se passe dans un brouhaha pas possible.
Ma compagne Marie comme chaque après-midi me rend visite. Quand elle arrive, une jeune femme est déjà au chevet de mon terrible voisin. Des brides de conversations nous parviennent. On entend parler de spectacle, de musique... Marie m'interroge du regard. Ne désirant pas parler à haute voix, de peur qu'ils nous entendent, je griffonne quelques mots sur mon bloc de papier, pour lui situer le "cas" :
Moi : - "L'artiste (pourquoi l'appeler ainsi?) commence à me fatiguer"
Marie : - "Crois-tu que c'est quelqu'un de connu ?" (cette obsession des gens connus !)
Moi un peu moqueur : - "Dans son quartier, je pense !!"
Quarante-huit heures se passent, visite de son épouse, qui lui amène enfin ses deux chargeurs de téléphones… et les coups de fils reprennent… perpétuels.
Troisième jour au matin vers 10 heures, le médecin m'annonce que je pourrais enfin sortir dès 14 heures, et que je devrais faire une cure d'antibiotique pendant peut être plusieurs semaines ou mois… séances de kinésithérapie etc...etc…
Aussitôt on me retire ma perfusion et je suis sur pieds (noirs évidemment). Me voilà debout face à son lit, et il me pose une question banale :
- "Que faisiez-vous dans la vie ?"
Content de pouvoir déguerpir de cet enfer où nous nous étions peu adressé la parole, si ce n’est quelques banalités sur nos bobos respectifs, je me sens enfin plus serein. Cela me permet d'être en mesure de lui répondre de la façon la plus agréable possible et avec fierté, car j’adore mon métier passé: -"Antiquaire !"
Et voilà notre homme parti d’un énorme rire, gras, puissant, tonitruant. Je suis un peu surpris, qu’ai-je dit de si énorme ?!!!
Il se reprend rapidement : - "Moi aussi ! C’est extraordinaire, deux antiquaires dans la même chambre d’hôpital ! "
J’apprends ainsi qu’il est le plus vieil antiquaire de France, que sa famille a créé sa première boutique en 1870. Là, je ne peux pas lutter.
Il me dévoile également qu’il a été le Président du SNCAO, le plus puissant syndicat des antiquaires. Et comme j’y étais affilié, cela veut dire qu'il a été mon président pendant quelques années ! Sur ce, son téléphone sonne une fois de plus :
- Allo oui, attends, il faut que je te dise, mon voisin est antiquaire. N’est-ce pas formidable ?
Comme d’habitude, ses conversations sont très courtes, précises, incisives. A la fin de l'appel nous reprenons notre conversation. Il s’avère que nous connaissons beaucoup de gens en commun. Mais que nous ne jouions pas dans la même cour.
Le téléphone sonne à nouveau :
- Bonjour D..., comment vas-tu ? Tu passes cet après-midi ? Très bien. Est ce que Brigitte sera avec toi ?
- Non elle est à Saint-Tropez depuis trois jours. "- Dommage" répète-t-il. Et il raccroche.
- C’était la fille adoptive de Brigitte Bardot, me dit-il,
- Elle passe me voir cet après-midi.
- Tiens? Je ne savais pas que Brigitte Bardot avait une fille adoptive ?
- Elle l’appelle ainsi... mais véritablement, c’est quelqu’un sur lequel elle veille.
La suite se passe dans une meilleure ambiance, je pars bientôt et en fin de compte je m'aperçois que c’est un homme charmant, de haute culture, et je me sens petit, tout petit devant lui. C’est alors qu’il me narre son parcours, après que je lui ai conté le mien, à sa demande. Donc, plus vieil antiquaire de France ayant possédé deux boutiques au marché Biron, deux autres au marché Dauphine, Président d’un syndicat, Expert en armoires normandes (il en a possédé jusqu’à 600), une boutique à Montfort l’Amaury, et enfin maintenant, un restaurant et un cabaret dans cette ville. Un cabaret! Voilà, le nœud entre cet homme et ses connaissances : B.B., Florent Pagny (un de ses voisins) et bien d’autres artistes… D’ailleurs n’a-t-il pas eu la visite d’une comédienne, le premier jour, en présence de ma compagne qui se posait tant de questions à son sujet.
Président d'un syndicat, tel que je vous l’ai dit plus haut et maintenant restaurateur et directeur de cabaret ! ... Pas mal à son âge!
A noter que la veille, il avait eu un coup de fil d’un certain Marc. Un appel auquel je n’avais pas prêté plus d’attention que ça.
Ici, je m'arrête un instant pour vous préciser que si je peux vous raconter tout cela, ce n’est pas parce que j'ai fait preuve d' indiscrétion, mais en raison de ses conversations faites à haute voix et auquelles il était impossible d’échapper. J’apprends donc au détour de nos dialogues que ce Marc qui l’a appelé la veille, n’est autre que Marc Lavoine, et que celui-ci passera le voir en début d’après-midi...
Sur ce, une jeune infirmière ravissante entre dans la chambre, en lui disant Monsieur Pierre Coville, vous me reconnaissez ?
- Bien sûr que je te reconnais !
Et une conversation à bâton rompu commence, conversation à laquelle je prends part car il s’agit de karaté. Ce sport que ma fille a pratiqué pendant la même période qu’elle, et dans le même secteur !!!
La conversation va bientôt prendre fin, lorsque soudain il lui demande de nous faire un petit kata. Elle accepte avec rapidité, va fermer la porte, se met dos au mur face à nous et exécute ce magnifique exercice. La scène est irréaliste ! Je crois rêver ! Il n’arrête pas de l’encourager, et lui demande de reprendre des cours qu’elle a arrêté depuis quelques temps. Elle finit par s’éclipser et là il me révèle qu’il a été un sportif de haut niveau dans un autre sport de combat, le judo et qu’il a été président fondateur d’une salle de ce sport, et que c’est comme cela qu’il a connu cette jeune fille.
Voilà, ma dernière rencontre insolite.
Ma compagne est venu me chercher. Je quitte mon curieux voisin tout en lui promettant de venir le voir dans son restaurant, d’ici quelques temps, dès que je serais remis de mes bobos. Je lui souhaite une bonne suite et on se carapate. Heureux de sortir de ce milieu et de retrouver ma moitié et plus tard ma fille.
Le temps de rejoindre notre voiture après les formalités de sortie, et je lui raconte en raccourci mon histoire. Elle n’en revient pas, et c’est vrai que cette rencontre sort de l’ordinaire. Le soir même rentrant de ses cours, je raconte également tout cela à ma fille. Sa réaction est énorme :
- Quoi ?! ... Marc Lavoine ?!... Mais t’es naze, papa !!! Tu aurais pu rester un ou deux jours de plus à l’hosto quand même !!…
Rentré à la maison, j’ai vérifié les dires de cet homme sur internet. Allez voir, tout cela est vrai et en plus il a fait un peu de cinéma avec Christian Clavier, Michel Serrault… et même un clip video!! " Il pleut sur le camping" (voir ci-dessous) !Juste en face de son cabaret "Chez Coville", Pierre Coville vous propose également son restaurant asiatique "Chez Fleur", établissement fréquenté par Brigitte Bardot, Florent Pagny, Marc Lavoine, Jean-Jacques Debout, Daniel Gerard et tant d'autres artistes qui en ont fait sa légende.
Adresses :
Restaurant Thaï : 28 Place Robert Brault, Montfort l’Amaury
Chez Coville Cabaret : Place Robert Brault, Montfort l’AmauryDécouvrez le clip vidéo humoristique de Pierre Coville "Il pleut sur le camping" où il apparaît aux côtés d'autres célébrités !
Il pleut sur le camping par arthelys