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    AVANT-PROPOS

       Le texte qui suit, est long, très long, aussi je vous ai programmé des pauses détentes. Vingt pages composent le menu. Sachez en profiter en allant jusqu'au bout, cela en vaut peut-être la peine. Vous y ferez peut-être des découvertes ou bien simplement retrouverez des lieux jadis fréquentés, qui vous rappelleront votre jeunesse dans ce qui fût notre paradis et qui devint notre enfer.
    Je vous propose une ballade historique, à travers quelques rues de notre capitale Alger (latitude Nord 36° 47', longitude Est 0° 44'), une manière de faire du tourisme au travers de nos souvenirs d'enfance.  
    Au fil de la ballade, nous voyagerons également dans... Lire la suite

     

     


     

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    POÈME INCONNU

     

    Entre Saint-Eugène et Alger,
    Est le quartier où je suis né.
    Entre Casbah et Carrières Jaubert,
    C’est là aussi qu’est né mon père.
    Sur la rive gauche d’un ancien oued,
    Oui… Je suis né à Bab-El-Oued.

    C’était ma foi un beau quartier
    Un quartier plein de vie, un quartier animé.
    Espagnols, Italiens, Arabes, Maltais,
    Tous ensemble apprenions le français

    C’était la tour de Bab-El… Oued
    Quand on parlait dans notre bled.
    Notre français était très pimenté
    Il était même très pigmenté
    Par les couleurs qu’on lui donnait.
    Des couleurs aujourd’hui un peu oubliées.

    « Etchaffé par une voiture, la honte à la fugure
    Putain d’sa mère, il avait la vie dure.
    En bas la mer, un jeu tu tapais
    Quand tu faisais tchouffa les autres y rigolaient. »

    Dans mon quartier on n’utilisait pas de « reloje »
    Ce n’était pas la peine il y avait les Trois Horloges
    Contre les hauts et les bas
    Il y avait la Bassetta
    Il y avait « Blanchette » à l’entrée du marché,
    Il était très connu il vendait des beignets,
    Derrière l’arrêt des trams sur la petite place
    Il y avait « l’Italien » qui nous vendait ses glaces,
    Il y avait Slimane et son épicerie
    Il y avait Lassale et sa charcuterie.
    Près du passage souterrain
    Il y avait Moatti et son commerce cossu
    Cela était normal, il vendait du tissu.
    Il y avait Torrès, magasin de chaussures,
    Rue Suffren, Devesa, ses boudins à l’oignon,
    Le cinéma Bijou qui manquait d’attraction.
     
    La « maison Jaubert », la « cité des Moulins »
    Avenue de la Bouzaréah, rue Sufren, rue Franklin.
    Près de l’usine Bastos, à côté du Plazza,
    La boulangerie Amar, la boucherie Khaliffa,
    Montiel, le charbonnier, Lounès, le marchand de légumes
    Le bistrot des Flechero, juste là au coin
    L’Armée du Salut, et le moutchou du coin
    C’est là que j’ai vu le jour,
    Alors que mon père péchait au Kassour.

    Avenue de la Bouzaréah, la boulangerie Seralta
    La pharmacie Sastre, et puis celle de Kamoun,
    Il y avait Henny, le boucher chevalin, Perez le coiffeur,
    Otto, le confiseur, Spadaro « le voleur »
    Borras et Sampol vous faisaient miroiter
    Les glaces que Grosoli fabriquaient

    Vous parlerais-je des cafés, ou bien de leur « kémia »
    Tout ce qu’ils vous offraient remplaçait un repas.
    Carottes au cumin, pommes de terre au persil,
    Variantes et tramousses cacahuètes salées, ,
    Escargolin’s, olives… tant qu’on en voulait.
    C’était un vrai délire, j’en ai le souvenir.
    Quand boire une anisette était un vrai plaisir.

    Vous parlerais-je de Raïsville, Padovani,
    Les Voutes, la Pointe-Pescade et les Bains des Familles ?
    Le stade Marcel-Cerdan où jouait le S.C.A (la spardenia)
    Ou bien des grandes rencontres A.S.S.E - Gallia
    Cela n’est pas la peine, vous vous en souvenez aussi
    Et pourtant comme moi, vous étiez un «petit »
    Je me souviens aussi de ce qui s’est passé
    Lorsque les Trois Horloges, notre centre d’intérêt
    Le 23 mars 62 devint un centre de gravité
    Et c’était vraiment grave, ce fut le début de la fin,
    Cela je m’en souviens
    Je m’en souviens très bien.
     
                                                                                     Auteur inconnu

    Poème inconnu, envoyé par Gérard Stagliano.
    gerard-stagliano@orange.fr


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    "K comme Kémia"
    par Gérard Stagliano

    Les Français appellent cela des « Amuse-Gueules » joli nom au demeurant, mais nous ­— qui les aimions quand même beaucoup — n’en déplaise à certains, avions adopté le mot arabe de kémia, indispensable agrément de l’anisette de chez Limiñana ou Gras mais il y en avait bien d’autres. De même, dans ce rayon-là, on appelait les Lupins des Tramousses de leur nom arabe encore et toujours.

    La kémia conditionnait bien souvent le choix du bistrot où nous allions boire l’anisette en question. Et là hélas, j’ai un léger trou de mémoire, car nous allions au-dessus du marché de Bab-El-Oued dans une célèbre brasserie où elle était abondante et variée, un véritable régal. Était-ce la brasserie de Barcelone ?

    Quand nous ne poussions pas un peu plus loin soit au Palladium à Baïnem à une seule petite encablure des Bains-Romains, soit au Champ-de-Manœuvre, sous les arcades de la rue de Lyon, je crois mais mes neurones me trahissent gaiement aujourd’hui, à la brasserie des Pyramides qui offrait bien davantage de choix encore.

    Mais restons sérieux et toute honte bue pour nous, Algérois grand teint et fiers de l’être, il n’y avait rien de comparable avec la rue d’Arzew, la rue principale de nos ennemis (sportifs s’entend) d’Oran.

    Là, dans n’importe lequel de ces bistrots qui se faisaient une concurrence acharnée, les petites assiettes étaient alignées les unes contres les autres d’un bout à l’autre des comptoirs, et offraient de tout, et elles étaient remplies aussitôt vidées par notre gloutonnerie.

    Moi, qui ai eu la chance de faire mes classes d’officier de réserve dans la bonne caserne d’Eckhmül, près des Arènes oranaises, au plus haut de la ville sous le Murdjadjo, je disais à mes copains « patos », entendre métropolitains : « Allez, ce soir, on va dîner en ville, c’est un ordre ». Et eux de s’écrier en chœur : « Mais on n’a pas d’argent ! ». Ma réponse lapidaire « Et alors, on s’en fout ».

    On allait faire la revue des « églises » (c’est de l’humour) de la rue d’Arzew, consciencieusement en passant d’un bistrot à l’autre, sans doute pour faire jouer la concurrence à plein. Et chacun de payer sa tournée qui n’était d’ailleurs pas une ruine à l’époque.

    Petits rougets fris et chauds, seiches au noir et au piquant, grosses fèves, séchées, bouillies et saupoudrées de kemoun, (cumin), moules marinières, bliblis, cacahuètes grillées et salées, poulpes en salade, frites de toutes les formes, tramousses, langanisses grillées, il y avait de tout et plus encore. On en revenait légèrement paf et la bouche en feu à cause des piments, et le ventre bien rempli. Les copains en question n’en revenaient pas, et les autres soirs, il fallait les réfréner sans cela c’est tous les jours que le Bon Dieu faisait, et Dieu sait s’il en faisait le bougre, qu’il aurait fallu se bourrer la gueule. Le plus dur en arrivant était de bien viser l’entrée de la caserne du 2e Tirailleur, où la garde veillait, et de marcher d’un pas lent en respectant la trajectoire le plus rectiligne possible et ce n’était pas facile du tout.

    Oui, je vous le dis bien haut, qui n’a pas connu la kémia d’Oran, n’a rien connu et cela au risque de me répéter au grand dam de ma nature d’Algérois et toute honte bue… avec l’anisette.

     

    Gérard STAGLIANO

    gerard-stagliano@orange.fr

     


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  • CARTES POSTALES ANCIENNES "SOUVENIRS D'ALGER"

     

     

     

     

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  • LES REGLES DES JEUX "EN BAS LA RUE" - Partie 1

     1-  LE  FOOTBALL

     2-  LES NOYAUX D'ABRICOTS

     3-  LES TCHAPPES

     4-  LA SAVATE

     5-  LES CARRIOLES

     6-  LES TROTTINETTES

     7-  LES CERCEAUX

     8-  LES DERAILLES OU COURSES DE BOUCHONS

     9-  LES TAOUETTES

    10-  LES CERFS VOLANTS

    01 - LE  FOOTBALL 

    Pour commencer, le roi des jeux en Algérie, le foot des rues, des places, des terrains cabossés et même des plages. La règle, il n'y en avait pas, à 5, à 6, à 7, à 8, à 9, à 10 ou plus, peu importait, le principal était de courir derrière un ballon. Il fallait d'abord trouver ce qui ressemblait à un ballon, à un vrai ballon de cuir avec lacet, ballon en caoutchouc, balle de tennis où balle de chiffon, tout était bon.
    Notre terrain: la rue Cardinal Verdier devant la « S.A.C.T. » ou le Boulevard de Flandre (la partie haute entre les deux entrées du cimetière),ou bien encore la rue Larrey, soit le bas devant la fabrique de « Caca de cheval », soit le haut devant la menuiserie de Monsieur Llavador (au fait vous devez avoir un ballon de foot, un vrai,  que vous m'avez confisqué, parce qu’il avait atterri dans votre atelier. C'était dans les années 48-49), soit enfin, sur le terrain qui se trouvait juste après la menuiserie et sur lequel plus tard sera construit l’École de la rue Larrey.
    Pour simuler les buts, rien de mieux que nos cartables ou nos pulls et blousons. Deux capitaines, en principe les deux plus forts du quartier. Face à face à quelques mètres d'écart, un pied après l'autre, le premier qui réussissait à monter sur le pied de son adversaire, commençait le choix de ses coéquipiers et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus. Il arrivait parfois que nous nous retrouvions à 10 ou 12 dans chaque équipe, sur si peu de surface c'était quelquefois assez épique.

    Le match pouvait commencer en 10 ou 12 buts. Cela durait parfois des heures. Les perdants devaient payer, une bouteille de gazouze "Hamoud Boualem", achetée chez le Mozabite, près de chez Mme Sendra, notre boulangère.
    Je ne vous parlerai pas des matchs inter-quartiers car pas assez bon joueur, je n'y participais pas souvent. Ils avaient lieu bien souvent sur le terre plein du stade Marcel Cerdan à la Consolation. D'ailleurs, ces rencontres finissaient souvent en pugilat général, vous voyez les temps changent mais les mœurs, elles, restent et ceci hélas même à un haut niveau, suffit pour s'en apercevoir de fréquenter les stades ou d'allumer sa télé.

     

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    02 - LES  NOYAUX D'ABRICOTS

    Il fallait d'abord se constituer un petit stock de noyaux. Ce jeu a été un « best-seller » dans les cours de récréations à  mon époque. La règle de base de ce jeu est d'une simplicité toute enfantine, démolir un tas constitué de 3 noyaux assemblés en triangle, le quatrième posé dessus, finissant la pyramide. Il fallait bien viser et projeter un noyau sur le « tas », alors que nous nous trouvions à 2 où 3 mètres de celui-ci. Celui qui réussissait gagnait la totalité des noyaux mis au sol par ses partenaires de jeu.
    Le nombre de joueurs était illimité.
    Un autre jeu, beaucoup plus difficile, consistait à abattre un noyau coincé dans une anfractuosité du mur. Le tas de noyaux projeté ne cessait d'augmenter, ce qui faisait la joie du gagnant qui ramassait le tout.
    Il existe bien sûr d'autres variantes du jeu, entre autres celle qui consistait à abattre une image posée au pied du mur, quand c'était réussi, on gagnait l'image. Un autre jeu consistait à ... Lire la suite

     

     

     

     


     

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