• - Poème inconnu

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    POÈME INCONNU

     

    Entre Saint-Eugène et Alger,
    Est le quartier où je suis né.
    Entre Casbah et Carrières Jaubert,
    C’est là aussi qu’est né mon père.
    Sur la rive gauche d’un ancien oued,
    Oui… Je suis né à Bab-El-Oued.

    C’était ma foi un beau quartier
    Un quartier plein de vie, un quartier animé.
    Espagnols, Italiens, Arabes, Maltais,
    Tous ensemble apprenions le français

    C’était la tour de Bab-El… Oued
    Quand on parlait dans notre bled.
    Notre français était très pimenté
    Il était même très pigmenté
    Par les couleurs qu’on lui donnait.
    Des couleurs aujourd’hui un peu oubliées.

    « Etchaffé par une voiture, la honte à la fugure
    Putain d’sa mère, il avait la vie dure.
    En bas la mer, un jeu tu tapais
    Quand tu faisais tchouffa les autres y rigolaient. »

    Dans mon quartier on n’utilisait pas de « reloje »
    Ce n’était pas la peine il y avait les Trois Horloges
    Contre les hauts et les bas
    Il y avait la Bassetta
    Il y avait « Blanchette » à l’entrée du marché,
    Il était très connu il vendait des beignets,
    Derrière l’arrêt des trams sur la petite place
    Il y avait « l’Italien » qui nous vendait ses glaces,
    Il y avait Slimane et son épicerie
    Il y avait Lassale et sa charcuterie.
    Près du passage souterrain
    Il y avait Moatti et son commerce cossu
    Cela était normal, il vendait du tissu.
    Il y avait Torrès, magasin de chaussures,
    Rue Suffren, Devesa, ses boudins à l’oignon,
    Le cinéma Bijou qui manquait d’attraction.
     
    La « maison Jaubert », la « cité des Moulins »
    Avenue de la Bouzaréah, rue Sufren, rue Franklin.
    Près de l’usine Bastos, à côté du Plazza,
    La boulangerie Amar, la boucherie Khaliffa,
    Montiel, le charbonnier, Lounès, le marchand de légumes
    Le bistrot des Flechero, juste là au coin
    L’Armée du Salut, et le moutchou du coin
    C’est là que j’ai vu le jour,
    Alors que mon père péchait au Kassour.

    Avenue de la Bouzaréah, la boulangerie Seralta
    La pharmacie Sastre, et puis celle de Kamoun,
    Il y avait Henny, le boucher chevalin, Perez le coiffeur,
    Otto, le confiseur, Spadaro « le voleur »
    Borras et Sampol vous faisaient miroiter
    Les glaces que Grosoli fabriquaient

    Vous parlerais-je des cafés, ou bien de leur « kémia »
    Tout ce qu’ils vous offraient remplaçait un repas.
    Carottes au cumin, pommes de terre au persil,
    Variantes et tramousses cacahuètes salées, ,
    Escargolin’s, olives… tant qu’on en voulait.
    C’était un vrai délire, j’en ai le souvenir.
    Quand boire une anisette était un vrai plaisir.

    Vous parlerais-je de Raïsville, Padovani,
    Les Voutes, la Pointe-Pescade et les Bains des Familles ?
    Le stade Marcel-Cerdan où jouait le S.C.A (la spardenia)
    Ou bien des grandes rencontres A.S.S.E - Gallia
    Cela n’est pas la peine, vous vous en souvenez aussi
    Et pourtant comme moi, vous étiez un «petit »
    Je me souviens aussi de ce qui s’est passé
    Lorsque les Trois Horloges, notre centre d’intérêt
    Le 23 mars 62 devint un centre de gravité
    Et c’était vraiment grave, ce fut le début de la fin,
    Cela je m’en souviens
    Je m’en souviens très bien.
     
                                                                                     Auteur inconnu

    Poème inconnu, envoyé par Gérard Stagliano.
    gerard-stagliano@orange.fr


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  • Commentaires

    1
    A DE LA RUE MIZON
    Jeudi 3 Octobre 2013 à 16:18

    c'est une belle promenade,il y a beaucoup de noms que j 'avais oubliés cela rafraichit la mémoire , un passage souterain à BEO ,mais ou donc??? mais svp plus de nostalgie qui engendre la mélancolie il faut juste garder les instants présents ,je devrai dire passés qui nous ont apporté joie  ,amour ,bonheur,mais aussi tristesse ce n 'etait quand meme pas le jardin d 'EDEN ,mais pour ceux qui en parlent aujourd 'hui c 'etait notre jeunesse alors OUI c' était notre petit PARADIS !!!!!!!!!

    2
    Jeudi 3 Octobre 2013 à 17:05

    A DE LA RUE MIZONLe passage souterrain dont il est question, ce devait être, devant chez Moatti, cette espèce de bouche de Métro, où en descendant quelques marches on avait accès aux toilettes.

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